Présentation synthétique de l’APR
La structuration de cet appel à projets de recherche (APR) a reposé à la fois sur un travail bibliographique de la littérature scientifique, sur l’examen de rapports institutionnels* et sur une série de séminaires scientifiques menés en 2024. Il s’appuie également sur les travaux de la mission de préfiguration de l’INTS avec les experts du champ et l’organisation de deux séances de travail d’une « task force scientifique » de l’INTS, en partenariat avec la MiRe et la CNAF. L’ensemble de ces réflexions a permis d’identifier des thématiques encore peu traitées par la recherche et de proposer des questionnements suscitant l’intérêt de l’action publique.
L’appel à projets a ainsi vocation à jouer un rôle structurant d’émergence de connaissances qui pourraient éclairer et nourrir les actions et les réflexions, en particulier des financeurs du programme. La MiRe de la DREES, l’INTS de la DGCS et la CNAF proposeront aux équipes financées un accompagnement pour faciliter le dialogue au sein du programme et aux transferts des résultats de recherche vers la décision et l’action publique.
* Par exemple le Livre blanc du travail social (2023)
Axes et texte de l’appel à projet :
- Axe 1 : Continuités et évolutions dans les référentiels et les catégories de l’action sociale ;
- Axe 2 : Les organisations de l’intervention sociale : secteurs d’intervention, modes de gestion et normes de financement ;
- Axe 3 : Métiers, carrières et conditions d’exercice ;
- Axe 4 : Les normes de l'intervention sociale en pratique : mise en œuvre, appropriations et effets sur les trajectoires des personnes accompagnées ;
- Axe 5 : Expérimenter et innover face aux enjeux contemporains : faire l’intervention sociale autrement ?
Séminaires de préparation de l’appel à projets de recherche :
Politiques sociales et travail social : les fondements de l’intervention sociale en question
Présentation de la séance
Depuis la fin des années 1980, le fonctionnement du système de protection sociale et les modalités d’accès aux droits sociaux se sont profondément transformés. De l’extension à de nouvelles populations de droits sociaux pleins et entiers associés au salariat, la poursuite de l’universalisation des droits sociaux a progressivement glissé, dans un contexte de développement des statuts d’emplois incertains, vers un universalisme résiduel prenant, notamment, la forme de prestations minimales pour les personnes en situations précaires.
Ces transformations reposent sur de nouvelles conceptions de la question sociale, qui interrogent les fondements de l’intervention sociale et sa mise en œuvre au quotidien : aux approches en termes d’inadaptation se sont substituées des analyses en termes de processus de désaffiliation ou de disqualification. Dans cette perspective, l’intervention sociale vise à accompagner vers leur inclusion des personnes singulières, titulaires de droits qui leur sont attachés en propre. Elle se fonde sur des modes d’intervention personnalisés concrétisés par l’élaboration de projets individualisés et des contrats cherchant à les concilier avec des soutiens via les prestations disponibles pour compenser, accompagner, soigner, etc.
Ainsi, alors que les formes traditionnelles d’intervention sociale valorisent une perspective clinique, fondée sur la connaissance approfondie des situations des personnes par l’entretien social, le développement des dispositifs d’assistance promeut une approche procédurale, par la mise en œuvre de droits sociaux dérivés de l’assistance.
L’intervention sociale se trouve ainsi prise en tension entre différentes logiques contradictoires. Redéfini autour de l’offre de prestations spécifiques (telles qu’aides budgétaires, soutien scolaire, conseil en matière de santé, alimentation, éducation), le travail social semble se rapprocher des métiers de prestations de services et de conseils. En parallèle, la thématique de « l’aller-vers », prônant d’aller à la rencontre des populations concernées dans leurs milieux de vie, a connu un fort regain. Elle s’inscrit dans un processus de mise à l’agenda des logiques de développement social local et d’une recomposition du travail social autour du développement du pouvoir d’agir entendu comme nouveau paradigme pour l’intervention sociale.
En parallèle, la mise en œuvre de l’intervention sociale repose de manière croissante sur l’intervention d’agents d’une grande diversité de statuts, et eux-mêmes soumis à de fortes incertitudes dans leurs conditions d’exercice. Il s’agit alors de s’interroger sur les marges de manœuvre » des travailleurs sociaux pour mettre en œuvre un accompagnement personnalisé, dans la durée, qui ne se limite pas à des injonctions gestionnaires et des contrôles procéduraux.
Cette séance a pour but d’examiner plus précisément les transformations en cours dans les fondements de l’action sociale pour en préciser les caractéristiques, les enjeux du point de vue des modes d’accès aux droits sociaux et de la mise en œuvre de l’intervention sociale. En particulier on s’intéressera à la façon dont ces nouvelles conceptions, visant au développement des capacités d’individus responsables de leurs parcours, articulent les logiques, parfois contradictoires de contractualisation et d’aller-vers. Cet état des lieux permettra dans les séances suivantes d’examiner la façon dont ces contradictions s’expriment dans la mise en œuvre concrète de l’intervention sociale sur différents terrains.
- Présentation 1 par Olivier GIRAUD-LIPARI, Directeur de recherche CNRS, Lise-Cnam
- Présentation 2 par Laure CAMAJI, Maîtresse de conférences HDR en droit, Université Lumière Lyon 2, Cercrid
- Présentation 3 par Cyprien AVENEL, sociologue, conseiller expert pour le travail social, Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) (vidéo disponible ultérieurement)
La séance s’est déroulée le 25 juin 2024 en présentiel dans les locaux de la DREES et en visio.
Le travail social à l’épreuve des rapports sociaux de sexe, classe et race.
Présentation de la séance
Cette séance propose d’interroger les pratiques et les profils des acteurs du travail social en adoptant une grille de lecture intersectionnelle. Il s’agira ainsi d’interroger à la fois les formes de catégorisation qui traversent le travail social (comment celles-ci sont vécus, produites, appropriées par les acteurs de l’intervention sociale), mais aussi un éventuel renouvellement des pratiques, fondé en partie sur la mobilisation de savoirs issus de l’expérience de personnes concernées. Comment ces différentes pratiques professionnelles ou bénévoles sont traversées par des rapports sociaux de race, de classe et de genre ? Comment concourent-elles à reproduire ces inégalités et rapports de domination ou, au contraire, développent des postures et savoir-faire producteurs de contre-modèles ?
Dans ce cadre, la séance pourra également interroger la manière dont se développent, en parallèle de dispositifs « classiques » du travail social, des formes d’intervention moins instituées. On note ainsi le développement de collectifs d’habitants et d’initiative d’entraides dans l’espace local, dans les « trous » du care institutionnel. Ces dynamiques gagneraient également à être interrogées à la lumière des logiques contemporaines de gouvernement du social (référentiels d’activation, conditions d’emploi des professionnels, logiques de marchandisation etc.) : dans quelle mesure celles-ci participent à (re)produire diverses formes de classement et de hiérarchisation des personnes accompagnées ?
- Présentation 1 par Auréline Cardoso, docteure en sociologie, chercheuse associée au Certop, Université II Jean Jaurès
- Présentation 2 par Élise Lemercier, Professeure de sociologie, sociologue, Université de Rouen Normandie, Dysolab
- Présentation 3 par Lara Geldreich, Directrice Un Chez Soi d’Abord Strasbourg, et Romain Dubray, Médiateur de Santé-Pair
La séance s’est déroulée le 22 octobre 2024 en présentiel dans les locaux de la DREES et en visio.
Marchandisation, diversification des statuts d’emploi, et trajectoires professionnelles : l’intervention sociale au travail
Présentation de la séance
La dénomination très large de l’intervention sociale renvoie à une pluralité d’activités et de métiers, dans des conditions d’exercice et statuts très divers (professionnels/bénévoles/usagers ; salariat / intérim / exercice en libéral). Les problématiques liées à l’emploi et des conditions de travail et leurs effets sur les pratiques professionnelles constituaient toutefois jusqu’à peu un angle peu traité de la sociologie du travail social.
Dans ce contexte, la séance vise à interroger d’une part, les enjeux liés à la diversification des statuts et conditions d’emploi et leurs effets sur le travail d’accompagnement ; et d’autre part les contradictions entre la promotion d’un accompagnement social individualisé et un « marché » de l’accompagnement social fortement contraint (dispositifs sous-financés ; transformation des modes de financement sur appels d’offre). Il s’agit ainsi de documenter ces tensions et les arbitrages réalisés entre les situations des personnes et les ressources institutionnelles insuffisantes : Quelles marges de manœuvre et stratégies des intervenants sociaux pour maintenir une certaine autonomie dans la définition des problématiques sociales et des publics reçus ? quelles perspectives pour le développement d’un « travail social critique » ? Ces tensions se traduisent par un sentiment croissant d’une intervention sociale « empêchée ». Quel(s) sens donner au travail et à l’intervention face à des situations « sans solution » ? En fonction des profils et trajectoires des professionnels ainsi que des conditions d’exercice, ceux-ci investissent-ils différemment le travail d’accompagnement ?
Intervenants :
- Présentation 1 par Agnès Aubry, enseignante et chercheuse en science politique, HESTS - HES-SO Valais, CRAPUL - Université de Lausanne
- Présentation 2 par Charlène Charles, maitresse de conférences en sociologie, Université Paris Est Créteil, LIRTES
- Présentation 3 par Jérôme Poulain, économiste, OFCE, DREES
La troisième et dernière séance du séminaire s’est déroulée le jeudi 7 novembre 2024 de 9h30 à 12h30 en présentiel dans les locaux de la DREES et en visio.
Modalités d’organisation et finalité du séminaire
La mission recherche (MiRe) de la Drees a pour missions de structurer, animer, financer et valoriser des recherches en sciences humaines et sociales dans les domaines de la santé et de la protection sociale. Pour ce faire, elle lance et coordonne des programmes de recherche visant à produire des connaissances sur les politiques sanitaires et sociales et à alimenter les réflexions des administrations, des partenaires institutionnels ou des acteurs opérationnels. Les appels à projet de recherche (APR) sont précédés d’un séminaire dont l’objectif est de faire émerger des besoins de connaissances à produire par la recherche et d’inciter les chercheurs à se saisir des préoccupations des acteurs présents.
Ce séminaire en amont du lancement de l’appel est un élément central dans les programmes de la MiRe, pour définir des questions de recherche pertinentes assorties de cadres d’analyse originaux et de méthodologies appropriées. La démarche de rapprochement du monde de la recherche et de la décision publique est ensuite favorisée par un suivi coordonné de l’avancement des recherches et leur valorisation. Les questions de recherche identifiées dans ce séminaire donneront lieu à un appel à projets de recherche financé qui sera lancé début 2025.
PRISME-ENQUETE
Nicolas CHAMBON (Orspere-Samdarra / Observatoire santé mentale, Vulnérabilités et Sociétés)
Le projet Prisme-enquête vise à analyser les transformations du travail social à l’aune de l’extension des problématiques de santé mentale dans l’accompagnement des personnes en situation de précarité. Il s’appuie sur un matériau empirique inédit, issu d’une formation ayant déjà touché plus de 11 000 professionnels de l’action sociale entre 2023 et 2025. L’étude interroge les pratiques, les référentiels et les dynamiques collectives autour de la santé mentale. Elle explore les tensions entre soin, accompagnement et prévention, ainsi que l’émergence d’une professionnalité psychosociale. Les résultats attendus permettront d’éclairer les politiques publiques, de soutenir les professionnels de terrain et de proposer des outils concrets de formation, dont un module participatif co-construit avec les personnes concernées.
Les « mastodontes associatifs ». Étude de l’émergence de ces nouvelles grandes associations employeuses, de leurs spécificités gestionnaires, et des conditions de travail et d’emploi
Simon COTTIN-MARX (LISE, Cnam)
Ces dernières années, nous observons l’apparition de « mastodontes associatifs » dans le secteur social. L’enquête vise à comprendre l’émergence de ces grandes associations employeuses, leurs spécificités gestionnaires et les conditions de travail et d’emploi en leur sein. Le premier objectif de cette enquête est de documenter et quantifier ce phénomène, de comprendre comment l’évolution de l’action publique l’a alimenté. Le second objectif de cette enquête est d’écrire l’histoire des mastodontes associatifs et de leur mode de gestion, à commencer par le Groupe SOS avec lequel nous collaborons. Enfin, le troisième objectif est d’analyser les métiers, les carrières et les conditions de travail au sein de ce même groupe, ainsi qu’avec d’autres grandes associations.
Vers un travail social vert ? Pratiques, perceptions et perspectives des intervenants sociaux et des publics des structures associatives de la solidarité
Géraldine RIEUCAU et Maÿlis DUPONT (CRISEEA, Université de Picardie)
Ce projet propose une enquête sur les transformations du travail social face aux enjeux écologiques, à partir de la notion émergente de « travail social vert ». Il vise à documenter, analyser et proposer une typologie des pratiques professionnelles prenant en charge des vulnérabilités socio-environnementales dans les structures associatives de solidarité. Le calendrier s’étale sur 24 mois : année 1 pour l’enquête quantitative et les premiers terrains, année 2 pour les enquêtes complémentaires, l’analyse croisée et la restitution. Les résultats attendus portent sur la production d’une typologie des formes de « travail social vert », l’identification de freins et leviers à leur développement, la valorisation des savoirs professionnels et expérientiels, et des recommandations pour les politiques publiques de transition juste.
DIGITAS - Digitalisation et transformation du droit de l’aide sociale
Anne-Sophie GINON (GREDEG, Université de Côte d’Azur)
Simulateurs de droits, interfaces de connexion et de gestion, outils d'intermédiation numérique, algorithmes décisionnels, dispositifs de fiabilisation et de traitement automatisé des données (Banque du numérique, Solidarité à la source) sont autant d’outils numériques qui transforment l’action sociale publique. S’ils sont porteurs d’objectifs de simplification et d’automaticité dans la façon de servir les droits à prestation sociale, ils modifient aussi les conditions de rencontre entre le besoin de l’usager et l’administration sociale. Ils transforment l’espace d’expression de la demande, s'immiscent dans le processus décisionnel d’attribution ainsi que dans ses modalités de contrôle. Pour analyser ces transformations, le projet prendra comme terrain d’étude les prestations monétaires versées par les Caisses d’allocations familiales, principalement le Revenu de solidarité active socle ainsi que la prime d’activité, l’Aide personnalisée au logement et les allocations familiales.
L’intervention sociale dans l’œil du Cyclone : Recomposition des Inégalités et des secours aux plus vulnérables (CYRIS)
Elise LERMERCIER et Elise PALOMARES (DySoLab, Université de Rouen)
Le 15 décembre 2024, le territoire ultramarin de Mayotte a été affecté par un cyclone d’une violence exceptionnelle. Tout en s’attachant à investiguer les effets de rupture provoqués par le cyclone, le projet CYRIS se propose d’étudier les recompositions des vulnérabilités, des inégalités, de l’intervention sociale et des pratiques du travail social durant et après la catastrophe, en les réinscrivant dans le temps long. Alors que les destructions massives ont surtout concerné les habitations auto-construites, par un processus de glissement entre publics « en danger » et « dangereux », les habitant.es des bidonvilles ont été régulièrement tenus pour responsables des conséquences du cyclone. Dans un contexte ultramarin marqué par les modes de gouvernement hérités de la période coloniale, quelles tensions et contradictions traversent les professionnel.les du travail social et de l’intervention sociale ? Que fait la catastrophe aux dilemmes professionnels dans un contexte ultramarin particulièrement marqué par les difficultés de recrutement, le turn-over et l’épuisement professionnel ?
En menant une analyse approfondie de la configuration locale post-Chido par des méthodes d’enquête ethnographiques, cette recherche contribuera plus largement aux débats actuels sur la capacité du travail social et de l’intervention sociale à se transformer pour faire face aux crises climatiques, aux vulnérabilités intensifiées et aux enjeux politiques qui les accompagnent.
Le travail social en ses marges : recompositions contemporaines de l’accompagnement des personnes précaires et migrantes
Camille HAMIDI (Triangle, ENS Lyon)
Ce projet de recherche s’intéresse aux transformations contemporaines du travail social dans le secteur de l’accompagnement des populations précaires et vulnérables, en particulier dans les secteurs de l’AHI (Accueil, Hébergement, Insertion), de l’asile et de la politique de la ville. Dans ces secteurs, les travailleurs sociaux sont amenés à interagir, coopérer, mais aussi développer des relations de concurrence et de compétition avec une pluralité d'acteurs relevant d’autres domaines, à la professionnalité reconnue (médecins et personnels médicaux, avocats et juristes) ou en cours de construction (intervenants artistiques), ainsi que des acteurs internes au monde associatif (bénévoles associatifs, pair-aidants). Il s’agira pour nous de comprendre comment le travail social se reconfigure à partir de ses frontières, et de caractériser la nature de ces marges (espaces interstitiels, champs hybrides, mondes). Pour cela, nous étudierons des dispositifs relevant de l’hébergement d’urgence, de la santé mentale et de l’intervention artistique, en pratiquant des jeux d’échelles entre la métropole lyonnaise, le niveau national et une comparaison internationale en contrepoint avec la métropole de Boston.
Intervention sociale et familles monoparentales
Matthijs GARDENIER (LEIRIS, Université de Montpellier)
Le projet de recherche mené par l’Université Paul Valéry, en lien avec la Ville de Montpellier, étudie l’intervention sociale auprès des familles monoparentales, en explorant les tensions entre universalité et ciblage des politiques publiques. Le projet se concentre sur trois axes : l’analyse des actions locales, les métiers du soutien à la parentalité, et la santé mentale des parents. L’axe 1 examine les dispositifs locaux à Montpellier, construits pour lutter contre des discriminations multiples et une sous-utilisation de certains services d’appui à la petite enfance. L’axe 2 explore les métiers du travail social, notamment les Techniciennes de l’Intervention Sociale et Familiale (TISF), et leurs stratégies d’intervention. L’axe 3 aborde la santé mentale des mères isolées, soulignant les défis liés à l’accès aux soins et aux inégalités sociales.
TRANSI-TAF - La (pluri)professionnalité à l’épreuve de la participation des publics et des vulnérabilités des alternants - De l’étude des transformations du travail social à l’expérimentation dans les centres de formation
Sébastien SAETTA et Patrick LECHAUX (École Nationale des Solidarités, de l’Encadrement et de l’Intervention Sociale)
Le projet porte sur le renouvellement des professionnels du champ de l’intervention sociale sous un angle inédit : de l’ordre de 30% des nouveaux entrants en formation présentent des problématiques de vulnérabilités sociales et de ce fait une expérience personnelle comparable à celle des publics avec lesquels ils vont travailler. Ceci à un moment où les dispositifs de l’intervention sociale sont de plus en plus pluriprofessionnels et donnent une place importante aux personnes concernées. Moment où également les dispositifs de formation sont en transition (universitarisation, transversalisation entre les diplômes de métier). Au cœur de ces transformations conjointes, depuis leur propre expérience des vulnérabilités, comment ces nouveaux étudiants vivent-ils l’alternance en formation et notamment la rencontre des expériences des personnes concernées au sein des dispositifs pluriprofessionnels ? Peut-on parler de l’émergence de nouvelles figures de professionnalité de travailleurs sociaux ? Comment le dispositif de formation accompagne-t-il ces dynamiques et peut-on envisager des modalités plus spécifiquement dédiées à ce nouvel enjeu consistant à travailler avec l’expertise des usagers depuis sa propre expérience et expertise de la vulnérabilité ?
AGIR EN INTERDEPENDANCES ; Ethnographies coopératives dans la métropole lyonnaise et alentours autour de nouveaux modes d’accompagnement d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes en difficultés.
Bertrand RAVON (Centre Max WEBER, Université Lumière Lyon 2)
Une forte diversification des modalités d’intervention déstabilise aujourd’hui les intervenants en travail social. Le collectif TRANSVERSES, constitué d’universitaires, de formateurs en travail social, de praticiens et de cadres (agents de la Métropole ou employés d’associations), focalisera sa recherche sur la thématique de l’accompagnement des jeunes en difficulté.
Le projet propose de documenter l’hétérogénéité du travail social et d’analyser les chaînes d’interdépendances, à l’échelle du territoire lyonnais et de ses alentours. L’enjeu participatif de cette recherche est d’identifier comment les protagonistes arrivent (ou non) à agencer des interventions jugées acceptables. Dans une dynamique de recherche pluridisciplinaire partagée avec les professionnels eux-mêmes, le collectif mettra l’accent sur des logiques émergentes, susceptibles de créer des synergies nouvelles et de possibles réponses dans ce contexte de crise. La méthode d’enquête de terrain s’appuie sur six contextes favorables aux nouvelles pratiques. Les matériaux ethnographiques seront analysés dans la perspective de la théorie ancrée.
Le travail de la contrepartie. Une enquête sur les 15 heures d’activités obligatoires pour les allocataires du RSA dans trois départements
Maud SIMONET (IDHES, Université de Paris-Nanterre)
Cette recherche sur le « travail de la contrepartie » s’intéresse à la fois au contenu en travail de cette contrepartie de 15h d’activités instaurée pour les allocataires du RSA par la récente loi Plein Emploi et aux transformations opérées par sa mise en œuvre sur la relation d’accompagnement des allocataires. L’enquête cherchera ainsi à analyser comment, en quoi, et jusqu’où la contrepartie modifie les rapports entre les deux parties qui la négocient dans le cadre du contrat d’engagement, comment, sur quoi, et pour qui, s’opère cette négociation et ce qu’elle fait au travail et au rapport à l’institution de chacune de ces deux parties en présence. En cumulant une enquête comparée sur trois départements sur les transformations du sens, du périmètre et du contenu du travail social engendré par cette réforme et une recherche participative avec des allocataires du RSA sur les conséquences de la réforme sur leur travail (productif, domestique, bénévole etc), ce projet se propose d’objectiver les transformations du travail social par une analyse relationnelle, comparative et matérialiste de cette “contrepartie” qui fait débat.