Le nombre d’adolescentes et de jeunes femmes hospitalisées pour tentatives de suicide et automutilations progresse à nouveau en 2024

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Paru le 18/06/2025

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) diffuse les comptes des hospitalisations en lien avec un geste auto infligé : c’est-à-dire une tentative de suicide ou une automutilation non suicidaire (scarifications, brûlures, coups contre un mur, etc.). Ces comptes proviennent des données du système national de données de santé (SNDS). Ils sont présentés par âge et sexe et couvrent la période 2012-2024. Le code SAS permettant leur extraction du SNDS à partir du portail sécurisé de l’Assurance Maladie accompagne cette diffusion.

 

Hausse du nombre de patients hospitalisés pour tentatives de suicide ou automutilations entre 2023 et 2024

En services de soins somatiques1  , près de 82 000 personnes âgées de 10 ans ou plus ont été hospitalisées au moins une fois en 2024 pour un geste auto-infligé, 64 % d’entre elles sont des femmes. Sur longue période,  le nombre de patients hospitalisés varie peu de 2013 à 2019, diminue fortement en 2020, et augmente continûment depuis. Par rapport à 2023, le nombre total de patients en 2024 est ainsi en augmentation de 6 % (+6 % chez les femmes contre +4 % chez les hommes). 

 

Une hausse des hospitalisations pour tentatives de suicide ou automutilations particulièrement marquée chez les très jeunes filles et les adolescentes 

Cette évolution globale masque des évolutions différentes selon les âges et les sexes, l’augmentation du total étant principalement attribuable à de persistantes hausses des hospitalisations d’adolescentes et de femmes jeunes. La progression du nombre de patientes âgées de moins de 20 ans, très forte entre 2020 et 2021, s’était amoindrie en 2022 et 2023. Les données 2024 montrent que l’augmentation persiste et s’accentue : elle est particulièrement marquée chez les très jeunes filles âgées de 10 à 14 ans avec une progression de + 22 % entre 2023 et 2024 tandis qu’elle atteint +14 % chez les 15-19 ans. Le nombre de patientes un peu plus âgées est également à la hausse : +4 % de patientes âgées de 20 à 24 ans et + 9 % parmi les 25-29 ans, deux classes d’âge avec le plus de personnes hospitalisées. Le nombre d’hospitalisations de femmes âgées de 40 à 60 ans a, en contraste, régulièrement baissé depuis 2012. 

Parmi les hommes, habituellement moins concernés par les tentatives de suicide bien que majoritaires parmi les décès par suicides, des augmentations entre 2023 et 2024 sont également observées dans certaines classes d’âge. C’est le cas chez les moins de 30 ans : +17% chez les 15-19 ans, +8% chez les 20-24 ans et +7 % chez les 25-29 ans, +9 % chez les 40-44 ans.  

 

Près de 12 000 femmes ont été hospitalisées en psychiatrie en 2024 avec un diagnostic renseigné de geste auto-infligé

Les données d’hospitalisations en psychiatrie sont moins fiables et subissent d’importantes évolutions liées aux pratiques de codage. Cependant, des évolutions très comparables à celles documentées en soins somatiques sont enregistrées, particulièrement dans le cas des adolescentes et jeunes femmes. Ainsi, près de 12 000 femmes ont été hospitalisées en psychiatrie en 2024 avec un diagnostic renseigné de geste auto-infligé (contre moins de 6 000 hommes). La moitié des femmes hospitalisées avec ce motif ont moins de 30 ans. Parmi ces dernières, les hausses d’hospitalisations sont constantes depuis les années 2015-2017 et massives chez les moins de 25 ans. Parmi les hommes des mêmes âges, beaucoup moins concernés, de substantielles augmentations s’observent également ces dernières années.


La brutale dégradation de la santé mentale d’une importante minorité d’adolescentes et de femmes de moins de 30 ans est un phénomène international apparu dans les années 2010, que la crise sanitaire de 2020 parait avoir accentué. Bien qu’il soit difficile de déterminer les causes de cette détérioration, une hypothèse semble se démarquer pointant le mésusage des réseaux sociaux et les agressions spécifiques à cette population qui peuvent y avoir lieu. Des travaux plus complets doivent être menés afin d’estimer notamment à quel point les augmentations chez les jeunes femmes sont pour partie le fait d’hospitalisations réitérées (les patientes hospitalisées une année le seraient à nouveau les années suivantes ce qui, avec l’afflux de nouvelles patientes, viendrait expliquer l’importance des augmentations année après année).

 

Pour aller plus loin

  • 1Services de médecine et de chirurgie du secteur MCO. N’incluent pas les passages aux urgences non suivis d’une hospitalisation, les hospitalisations en psychiatrie, en soins de suite et de réadaptation ni les hospitalisations à domicile.

Sources, outils & enquêtes