Les prestations sociales non contributives représentent 38 % du revenu disponible des ménages pauvres
En 2022, en France métropolitaine, 9,1 millions de personnes sont pauvres monétairement, au sens statistique du terme. Leur niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 216 euros par mois. Cela correspond à un revenu disponible inférieur à 1 216 euros par mois pour une personne seule et inférieur à 2 554 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. Les prestations sociales non contributives représentent au total 38 % de leur revenu disponible1 (14 % de minima sociaux2 , 10 % d’aides au logement, 10 % de prestations familiales, 3 % de prime d’activité et 1 % d’aides exceptionnelles liées à l’inflation3 ) 4 .
La part des prestations sociales non contributives dans le revenu disponible diminue fortement avec le niveau de vie, représentant 12 % pour les ménages « modestes non pauvres » 5 et 2 % pour ceux au-delà du 4ème décile6 de niveau de vie. À l’inverse, les revenus d’activité et du patrimoine augmentent avec le niveau de vie : ils représentent respectivement 36 % et 4 % du revenu disponible des ménages pauvres, 55 % et 3 % de celui des ménages modestes non pauvres, et 79 % et 12 % pour les ménages au-delà du 4ème décile.
La redistribution diminue de 10,9 points le taux de pauvreté des personnes handicapées de 15 ans ou plus
Jointes à la fiscalité directe7 , les prestations sociales non contributives diminuent le taux de pauvreté de 6,9 points en 2022 : 14,4 % de la population métropolitaine est pauvre, contre 21,3 % (soit 13,5 millions de personnes) qui le serait si ces prestations et les impôts directs n'existaient pas.
L’effet de la redistribution sur le taux de pauvreté est particulièrement marqué pour les familles monoparentales (-20,0 points pour celles avec au moins 2 enfants), pour les familles nombreuses (-13,8 points pour les couples avec 3 enfants), pour les jeunes de moins de 20 ans (-11,2 points), pour les personnes handicapées8 de 15 ans ou plus (-10,9 points), pour les chômeurs (-11,6 points) et pour les inactifs non retraités âgés d’au moins 18 ans (-13,6 points). Toutefois, ces groupes ayant avant redistribution des taux de pauvreté très nettement supérieurs à la moyenne, ils ont tous, après redistribution, un taux de pauvreté supérieur, voire parfois très supérieur, à celui de l’ensemble de la population. Ainsi, 18,6 % des membres des couples avec 3 enfants, 20,5 % des moins de 20 ans et 20,0 % des personnes handicapées de 15 ans ou plus sont pauvres après redistribution. La situation est encore plus dégradée pour les membres des familles monoparentales ayant au moins 2 enfants (37,4 % de personnes pauvres), les chômeurs (35,3 %) et les inactifs non retraités d’au moins 18 ans (33,4 %).
Moins concernés que la moyenne par la pauvreté avant redistribution, les retraités et les personnes en emploi salarié le sont toujours nettement moins que les autres après redistribution, avec des taux de pauvreté respectivement de 10,8 % et 6,1 %.
La redistribution réduit nettement les inégalités
Les prestations sociales non contributives soutiennent donc le niveau de vie des plus modestes. Plus généralement, jointes à la fiscalité directe, elles contribuent aussi à réduire fortement les inégalités de niveau de vie entre les plus riches et les plus pauvres. Ainsi, en 2022, le rapport entre le niveau de vie moyen des 20 % des individus les plus aisés et celui des 20 % les plus modestes passe de 8,1 à 4,4 sous l’effet de la redistribution. De même, le rapport entre le 9e décile de niveau de vie et le 1er passe de 5,8 à 3,4.
Ce jeu repose sur l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) de l’Insee. Il intègre pour cette édition les données de l’ERFS 2022. Il porte sur les personnes vivant en logement ordinaire en France métropolitaine.
Les prestations sociales non contributives incluses dans le champ de cette analyse sont les prestations familiales, les aides au logement, les minima sociaux, la prime d’activité, la Garantie jeunes, le contrat d'engagement jeune, l’indemnité inflation et la prime exceptionnelle de rentrée.
Les impôts inclus dans le champ de cette analyse sont l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
Pour en savoir plus
- Pen, L., Rousset, A. (2024, juillet). Niveau de vie et pauvreté en 2022 : Des niveaux de vie et un taux de pauvreté stables malgré une inflation élevée. INSEE. Insee Première, 2004.
- Cabannes, P.-Y., Echegu, O. (dir.) (2024, octobre). Minima sociaux et prestations sociales – édition 2024. Paris, France : DREES, coll. Panoramas de la DREES-social.
- 1Cette part est calculée comme la moyenne des prestations sociales non contributives reçues par les ménages pauvres, rapportée à la moyenne de leur revenu disponible.
- 2Les minima sociaux incluent ici le revenu du solidarité active (RSA), l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et le minimum vieillesse.
- 3Il s’agit de l’indemnité inflation, versée entre décembre 2021 et février 2022, et de la prime exceptionnelle de rentrée, versée à l’automne 2022.
- 4Les prestations sociales non contributives incluent aussi la Garantie jeunes et le contrat d’engagement jeune qui l’a remplacée en mars 2022, mais leur poids est très faible.
- 5Les personnes dites modestes non pauvres sont celles dont le niveau de vie se situe entre le seuil de pauvreté et le 4ème décile de niveau de vie (1 816 euros mensuels en 2022).
- 640 % des personnes ont un niveau de vie en-deçà du 4e décile.
- 7Essentiellement l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS).
- 8Une personne est dite handicapée si elle déclare « être fortement limitée, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement » (GALI).