Des tensions de recrutement dans les métiers du social supérieures à celles observées sur l’ensemble des métiers
Les professionnelles du social accompagnent au quotidien des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des personnes et des familles vulnérables, en situation de précarité ou de pauvreté. Leurs employeurs anticipent que 8 recrutements sur 10 seront difficiles, contre moins de 6 sur 10 pour l’ensemble des recrutements, toutes professions confondues. De plus, le nombre d’offres d’emploi associées à l’une des professions sociales diffusées au cours d’un trimestre est 2,9 fois supérieur au nombre d’embauches réalisées dans l’une de ces professions au cours du trimestre suivant (graphique ci-dessous). À titre de comparaison, le nombre d’offres d’emploi diffusées sur l’ensemble de professions est 1,4 fois supérieur au nombre d’embauches réalisées toutes professions confondues au cours du trimestre suivant. Ces chiffres masquent cependant de fortes disparités selon les professions du social.
Les aides à domicile, une profession sociale particulièrement sous tension
Les besoins et les tensions de recrutement les plus marquées concernent le métier d’aide à domicile ; ces dernières assistent, à leur domicile, des personnes en difficulté dans leur vie quotidienne, au sein de structures associatives, d’entreprises spécialisées dans l’aide à la personne, ou directement auprès des particuliers. En 2022, 1,3 million d’offres d’emploi associées à cette profession ont été diffusées, ce qui représente 149 % des effectifs en poste en 2021. Cette demande massive se heurte à un important manque de candidats : en 2022, 85 % des employeurs anticipent que leurs recrutements seront difficiles, contre 58 % pour l’ensemble des professions. L'indicateur de tension permet d’établir que le nombre d’offres d’emploi diffusées au cours d’un trimestre est 4,4 fois supérieur au nombre d’embauches réalisées au cours du trimestre suivant.
Graphique - Tension de recrutement en 2022
Source > Dares, JOCAS (nombre d'offres de poste en ligne) ; Insee, BTS 2022 (nombre de postes occupés)
Note de lecture > Le nombre d'offres d'emploi d'aide à domicile diffusées au cours d'un trimestre est 4,4 fois supérieur au nombre d'embauches réalisées au cours du trimestre suivant dans cette profession
Des difficultés de recrutement observées aussi pour les cadres de l’intervention socio-éducative, les assistantes de service sociale et les conseillères en économie sociale et familiale
D’autres métiers du social rencontrent des difficultés de recrutement, comme les cadres de l’intervention socio-éducative, dont l’indicateur de tension de recrutement est à un niveau élevé (3,7) révélant une pénurie de candidats presque aussi prononcée que pour les aides à domicile. Le recrutement d’assistantes de service social et conseillères en économie sociale et familiale (CESF) est également difficile : pour ces professions, le nombre d’offres d’emploi publiées un trimestre est 2,3 fois supérieur au nombre d’embauches réalisées au cours du trimestre suivant. Par ailleurs, plus de la moitié des employeurs jugent le recrutement difficile pour ces postes. Enfin, les conditions de recrutement pour des postes d’aides médico-psychologiques (AMP) sont plus contrastées : les employeurs anticipent très majoritairement des recrutements difficiles (82 %), mais l’indicateur de tension de recrutement observé est relativement bas (0,9 au niveau national), suggérant qu’une proportion importante des offres trouvent preneur.
Des tensions de recrutement moins marquées pour les éducatrices spécialisées
À l’inverse, les recrutements dans certaines professions du social sont moins difficiles. C’est le cas notamment pour la profession d’éducatrice spécialisée. En 2022, la publication de 8 offres d’emploi un trimestre donné permet d’aboutir à 10 embauches effectives le trimestre suivant. Les recrutements d’animatrices socioculturelles sont jugés difficiles pour 58 % d’entre eux (soit un niveau proche de la moyenne observée sur l’ensemble des professions), et l’indicateur de tension proche de 1 reflète un rapport offres sur les embauches quasi équilibré.
Des tensions de recrutements d’aide à domicile plus fortes dans certaines régions
Plusieurs régions se démarquent par des indicateurs de tension du marché du travail social dégradés. Les régions Pays de la Loire, Bretagne et Centre–Val de Loire ont des indicateurs de tension beaucoup moins favorables pour les métiers du social : besoins de recrutement proportionnellement très forts, en particulier pour les aides à domicile, taux d’embauches effectives très en deçà des offres, c’est-à-dire avec potentiellement beaucoup de postes vacants et un niveau de difficulté annoncé par les employeurs parmi les plus hauts du pays. Les régions Provence–Alpes-Côte d’Azur et Bourgogne-Franche-Comté sont également confrontées à des tensions de recrutement très élevées pour les aides à domicile : embauches difficiles à plus de 90 % et indicateurs de tension supérieurs à 4. Enfin, la situation est contrastée en Île-de-France, où se conjuguent des recrutements difficiles en deçà ou dans la moyenne nationale et des tensions plus prononcées, comparativement aux autres régions, dans les professions de cadres de l’intervention sociale ou d’assistantes sociales et de conseillères en économie sociale familiale.
La situation du recrutement social varie également fortement d’un département à l’autre. De nombreux départements affichent un indicateur de tension particulièrement élevé, signe d’une grande difficulté locale de recrutement. Par exemple, pour les aides à domicile – la profession la plus en tension – le nombre d’offres d’emploi diffusées au cours d’un trimestre est, dans certains territoires (Alpes-de-Haute-Provence, Loire-Atlantique, Lozère…), plus de 8 fois supérieur au nombre d’embauches réalisées au cours du trimestre suivant, quand le taux national est de 4,4 pour les aides à domicile. À l’inverse, plusieurs départements, dont La Réunion, présentent des valeurs de ce ratio nettement plus faibles voire, pour certains d’entre eux, inférieures à 0,2.
Consulter les publications
- Morel-Jean, C. (2025, mars). Éducatrices spécialisées : un revenu salarial annuel moyen de 20 560 euros en 2021, Drees, Études et Résultats, 1330.
- Poulain, J. (2025, mars). Éducatrices spécialisées : neuf ans après l'entrée dans la profession, une sur deux a quitté le métier, Drees, Études et Résultats, 1329.
- Poulain, J. (2024, octobre). Aides médico-psychologiques : sept ans après l'entrée dans la profession, une sur deux a quitté le métier, Drees, Études et Résultats, 1314.
- Morel-Jean, C. (2024, septembre). Aides médico-psychologiques : un revenu salarial annuel moyen de 14 510 euros en 2021, Drees, Études et Résultats, 1309.