Suivi mensuel des prestations de solidarité pendant la crise sanitaire - Edition de février 2021

Paru le 26/02/2021

Forte hausse du nombre d’étudiants bénéficiaires d’une aide financière ponctuelle du Crous pendant le deuxième confinement

 

Dans le contexte actuel de crise sanitaire, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie chaque mois un tableau de suivi des prestations de solidarité, réalisé avec le concours des organismes gestionnaires de ces prestations. Cette publication vise à rassembler et mettre à disposition les données mensuelles disponibles les plus récentes et à éclairer les effets de la crise sanitaire, y compris à l’échelle des territoires, sur l’évolution de la pauvreté en France. L’édition de février s’enrichit de données nationales et régionales sur des aides destinées aux étudiants : les aides financières ponctuelles accordées par les services sociaux des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) aux étudiants qui rencontrent de graves difficultés momentanées et la tarification spéciale mise en place depuis la rentrée universitaire 2020-2021 pour les repas vendus dans les structures de restauration des Crous (« repas à 1 euro »)1.

Forte hausse du nombre d’étudiants bénéficiaires d’une aide financière ponctuelle versée par le Crous pendant le deuxième confinement
En janvier 2021, 9 100 étudiants ont bénéficié d’une aide spécifique ponctuelle attribuée par les services sociaux des Crous en cas de situation d’urgence ou de détresse avérée, soit une hausse de 39 % par rapport à janvier 2020. Le montant total des aides attribuées s’élève à 3,7 millions d’euros (contre 2,4 millions en janvier 2020), pour un montant mensuel moyen d’environ 400 euros par bénéficiaire. Le nombre de bénéficiaires, déjà plus élevé à la rentrée universitaire 2020-2021 que lors de la précédente (+22 % en glissement annuel2 en septembre 2020) augmente fortement pendant le deuxième confinement (passant de 7 600 en octobre à 11 500 en novembre) avant de diminuer depuis. Le montant total des aides attribuées de septembre à décembre 2020 a augmenté de 48 % par rapport à la même période de l’année précédente3, en raison principalement de l’augmentation du nombre de bénéficiaires mais aussi de la hausse du montant mensuel moyen par bénéficiaire (+10 %).


Le nombre de bénéficiaires du repas à 1 euro a très fortement chuté en novembre 2020
Après un lancement en septembre 2020, le nombre d’étudiants boursiers bénéficiaires, au moins une fois dans le mois, d’un repas au tarif de 1 euro dans les structures de restauration des Crous a augmenté en octobre (210 700 en octobre contre 188 500 en septembre), avant de chuter fortement en novembre et de rester à un niveau bas en décembre (43 200 en novembre et 49 100 en décembre). Cette baisse est liée au deuxième confinement, au passage de l’intégralité des enseignements en distanciel, ainsi qu’aux vacances scolaires. En janvier 2021, les effectifs remontent (72 300). Cette mesure a été élargie aux étudiants non boursiers le 25 janvier 2021 et 158 700 repas leur ont été servis la dernière semaine de ce mois.
Le nombre moyen de repas par bénéficiaire a légèrement progressé sur la période, passant de près de six à sept repas par personne et par mois. 249 400 étudiants boursiers ont bénéficié au moins une fois entre septembre et décembre 2020 d’un repas à 1 euro.


Le nombre d’entrées initiales atteint son plus haut niveau en octobre 2020, mais le nombre de bénéficiaires de la Garantie jeunes reste en-deçà de son niveau d’avant-crise
Fin octobre 2020, 82 800 jeunes bénéficient d’un accompagnement dans le cadre de la Garantie jeunes contre 89 500 un an auparavant, soit une diminution de 7,5 %. Les entrées initiales dans ce dispositif, quasiment interrompues par le premier confinement, rebondissent très fortement au mois de juin (9 200 contre 1 800 en mai) tout en restant proches de celles de juin 2019 (8 600). Le nombre cumulé d’entrées initiales entre juin et octobre 2020 est de 13 % supérieur à celui observé entre juin et octobre 2019. En octobre 2020, le nombre d’entrées initiales (11 800) atteint son plus haut niveau depuis la mise en place du dispositif.
Le nombre d’allocataires de la Garantie jeunes, c’est-à-dire de jeunes qui, en plus de l’accompagnement, perçoivent l’allocation associée à la prestation, a lui aussi diminué suite au premier confinement, passant de 76 300 en mars à 66 000 au mois d’août
4.

 

En décembre 2020, le nombre d’allocataires du RSA se maintient à un niveau élevé par rapport à la situation avant le premier confinement
Fin décembre 2020, 2,06 millions de foyers perçoivent le revenu de solidarité active (RSA), soit une augmentation de 7,5 % par rapport à décembre 2019, alors que le nombre d’allocataires était proche de 1,9 million de janvier 2017 à février 2020. En hausse à la suite du premier confinement, du fait de la détérioration de la situation économique, la croissance en glissement annuel des effectifs du RSA se stabilise à un niveau élevé depuis le mois de juillet (autour de 8 %). À noter que la forte hausse observée suite au premier confinement a été essentiellement portée par les effectifs du RSA non majoré.
La croissance du nombre d’allocataires est moindre en octobre et novembre
5 et, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, le nombre d’allocataires du RSA diminue légèrement en décembre. Selon la Cnaf, depuis le mois d’octobre, pour la première fois depuis le début de la crise en mars dernier, l’écart entre la situation observée des effectifs du RSA et la situation contrefactuelle si l’épidémie de la Covid-19 n’avait pas eu lieu semble se stabiliser.


Les effectifs de la prime d’activité repartent à la hausse après une baisse à l’issue du premier confinement
Fin décembre 2020, 4,58 millions de foyers bénéficient de la prime d’activité, soit une légère hausse de 1,6 % en un an. Les effectifs ont légèrement augmenté durant le premier confinement (+1,4 % entre février et mai 2020) puis ont diminué à l’issue de celui-ci (-3,3 % entre juin et août 2020). Depuis, ils repartent à la hausse (+4,1 % entre août et décembre) et retrouvent, voire dépassent, leur niveau d’avant-crise. Toutefois, selon la Cnaf, le nombre de foyers allocataires de la prime d’activité demeure largement inférieur à celui qu’il aurait dû être si la crise sanitaire n’avait pas eu lieu, même si cet écart tend à s’atténuer légèrement ces derniers mois.


Une stagnation des effectifs de l’AAH depuis août 2020
Fin décembre 2020, 1,20 million de personnes
6 bénéficient de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), soit une augmentation de 1,2 % en un an. Alors que la hausse des bénéficiaires de l’AAH est une tendance constatée sur le long terme, leur nombre est stable depuis août.


En hausse depuis le premier confinement, le nombre d’allocataires d’une aide au logement se stabilise en décembre
Fin décembre 2020, 6,50 millions de foyers
7 perçoivent une aide au logement. Alors que le taux de croissance en glissement annuel était négatif chaque mois depuis octobre 2018 (compris entre -1,3 % et -0,4 %), signe d’une lente baisse des effectifs, il est nul en avril 2020 (+0,1 %) et redevient positif en mai (+0,5 %). Depuis, il a augmenté continuellement pour atteindre +2,5 % en novembre. Les effectifs de novembre 2020 sont les plus élevés de la période 2017-2020. En décembre, le nombre de foyers bénéficiaires d’une aide au logement se stabilise.


Après une forte hausse du nombre d’allocataires de l’ASS à l’issue du confinement, la baisse amorcée en octobre se confirme en novembre
Fin novembre 2020, le nombre d’allocataires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) indemnisés en fin de mois s’élève à 367 700 personnes, soit une hausse de 4,2 % par rapport à novembre 2019. Après une diminution continue depuis 2015, interrompue par le premier confinement, les effectifs de l’ASS sont repartis à la hausse entre mai et septembre 2020 (+11,2 %) avant de baisser légèrement en octobre (-1,0 % par rapport à septembre). La baisse des effectifs se poursuit en novembre (-2,4 %) sous l’effet en partie des mesures de prolongation des droits à l’allocation chômage prises par le Gouvernement pendant le deuxième confinement
8, qui ont de fait limité le nombre d’entrées dans l’ASS.

1 En réponse à la crise sanitaire, les Crous proposent, depuis le 1er septembre 2020, une tarification spéciale aux étudiants boursiers sur critères sociaux pour les repas servis dans leurs structures de restauration (1 euro au lieu de 3,30 euros). Depuis le 25 janvier 2021, et pendant la durée de la crise sanitaire, tous les étudiants, boursiers ou non, peuvent bénéficier de deux repas par jour au tarif de 1 euro. Compte tenu des consignes sanitaires, ces repas sont proposés sous forme de vente à emporter uniquement. Fin janvier 2021, près de 400 points de vente étaient ouverts.
2 La croissance en glissement annuel un mois m est le taux de croissance entre l’effectif du mois m-12 et celui du mois m.
3 En réponse à la crise sanitaire, le montant total des fonds a été augmenté de 10 millions d’euros pour l’année 2020 et doublé pour l’année 2021.
4 Les dernières données disponibles sur les allocataires de la Garantie jeunes sont celles du mois d’août 2020.
5 Selon la Cnaf, cette croissance serait principalement liée à un effet saisonnier.
6 Cet effectif concerne uniquement le régime général (97 % des allocataires de l’AAH en décembre 2019).
7 Cet effectif concerne uniquement le régime général (97 % des allocataires d’une aide au logement en décembre 2019).
8 Les droits à l'allocation chômage sont prolongés jusqu'au 28 février 2021 pour les demandeurs d’emploi indemnisés au titre de l’ASS et l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), arrivant en fin de droits entre le 30 octobre 2020 et le 28 février 2021 (Arrêté du 9 décembre 2020 portant mesures d'urgence en matière de revenus de remplacement mentionnés à l'article L 5421-2 du code du travail).


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Précisions méthodologiques
Le tableau de suivi des prestations de solidarité fournit des informations sur les effectifs nationaux et départementaux des allocataires du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), de la prime d’activité, des aides au logement et des bénéficiaires de la Garantie jeunes. Son contenu est amené à évoluer au cours des publications, à la fois en termes d’indicateurs et de prestations considérées. Ainsi, l’édition de février s’enrichit de données nationales et régionales sur des aides destinées aux étudiants qui proviennent des données de gestion du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous). Les indicateurs ont été construits par les services du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (DGESIP) et notamment le SIES, son service statistique ministériel.

Sauf pour la Garantie jeunes et les aides destinées aux étudiants, les données qui portent sur les cinq derniers mois publiés sont provisoires et donc susceptibles d’être révisées dans les prochains mois. Dans certains cas, les données ont fait l’objet d’estimations de la DREES. Les effectifs ne sont pas corrigés des doubles comptes : par exemple, une personne qui bénéficie du RSA, de la prime d’activité et des aides au logement sera comptée à la fois parmi les allocataires du RSA, de la prime d’activité et des aides au logement.

Pour en savoir plus :
> Cabannes, P-Y., Calvo, M., Echegu, O. (2020, décembre). Plus de 2 millions d’allocataires du RSA fin octobre 2020. DREES, Études et Résultats, 1175.

> Cabannes, P.-Y., Richet-Mastain, L. (dir.), Calvo, M. (coord.) (2020, septembre). Minima sociaux et prestations sociales – édition 2020. Paris, France : DREES, coll. Panoramas de la DREES-social.

> Des données annuelles sur le RSA, l'ASS, l'AAH et la prime d'activité sont disponibles au niveau national et par département en série longue dans l’espace Open Data, thème « Minima sociaux et pauvreté », jeu de données « Minima sociaux, RSA et prime d’activité » : www.data.drees.solidarites-sante.gouv.fr.

> Des données annuelles sur les aides au logement et la Garantie jeunes en série longue sont disponibles dans le Panorama de la DREES : « Minima sociaux et prestations sociales - édition 2020 », fiches n°34 et 37

> CNAF (2021, janvier). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires du RSA. CNAF, RSA conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.

> CNAF (2021, janvier). Le revenu de solidarité active fin septembre 2020. CNAF, RSA conjoncture, 32.

> CNAF (2021, janvier). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires de la prime d’activité. CNAF, Prime d'activité conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.

> Consulter les open data de la Cnaf et de Pôle emploi et la plateforme PoEm de la Dares.