L’enquête Autonomie-Ménages est la deuxième enquête du dispositif Autonomie 2021-2025, grand dispositif décennal d’enquêtes sur le handicap et la perte d’autonomie mis en place par la Drees. Elle permet un dénombrement, en France métropolitaine, des personnes qui déclarent une restriction d’activité ou bien des limitations fonctionnelles dans la vie quotidienne. Elle permet de connaître leurs conditions de vie, en particulier leur situation sur le marché du travail. Les indicateurs du marché du travail diffèrent de ceux au sens du Bureau international du travail (BIT), calculés habituellement à partir de l’enquête Emploi de l’Insee.
Près de trois personnes sur cinq déclarant des limitations fonctionnelles importantes sont en emploi
Trois approches peuvent être utilisées pour définir le handicap : avoir d’importantes limitations fonctionnelles, que ce soit d’un point de vue sensoriel, physique ou cognitif (22 % de l’ensemble de la population des 15 à 64 ans), avoir une reconnaissance administrative de handicap, y compris invalidité ou incapacité permanente (8 %), ou enfin, avoir des restrictions importantes (indicateur GALI [Global Activity Limitation Indicator]) dans les activités que les autres font habituellement depuis au moins 6 mois (6%).
Trois personnes sur cinq avec des limitations fonctionnelles importantes occupent un emploi en 2022, contre deux sur cinq parmi les personnes reconnues handicapées administrativement et parmi celles fortement restreintes dans leurs activités (indicateur GALI). Les personnes ayant des limitations fonctionnelles importantes restent cependant plus éloignées de l’emploi que celles n’étant pas handicapées– dont près de trois quarts occupent un emploi en 2022.
Les taux d’activité1 et de chômage2 varient aussi selon l’approche du handicap. Seule la moitié des personnes reconnues handicapées ou déclarant de fortes restrictions dans les activités que les gens font habituellement sont actives soit nettement moins que parmi les personnes ayant des limitations importantes (65 %) ou plus encore parmi celles n’ayant aucun handicap (79 %).
Parmi les personnes handicapées au sens des trois approches, moins d’une sur trois est en emploi
1,1 million de personnes handicapées relèvent des trois approches conjointes du handicap, soit 11 % des personnes handicapées selon au moins une approche et 3 % de l’ensemble de la population métropolitaine âgée de 15 à 64 ans.
La situation sur le marché du travail des personnes handicapées est d’autant plus dégradée qu’elles sont repérées comme étant handicapées selon plusieurs approches. En 2022, les personnes handicapées au sens des trois approches sont deux fois moins souvent actives que celles repérées selon une seule approche (37 % contre 73 %. Elles occupent deux fois moins souvent un emploi (29 % contre 66 %) et sont deux fois plus souvent au chômage (24 % contre 12 %).
Les personnes ayant des limitations physiques ou relationnelles sont plus touchées par le chômage
Parmi les personnes ayant des limitations fonctionnelles importantes, la situation sur le marché du travail varie sensiblement selon le type de limitation. En 2022, les personnes ayant des limitations importantes liées à la mémoire ou à la concentration ont une situation moins dégradée sur le marché du travail que celles ayant d’autres types de limitations : plus de six sur dix sont actives et en emploi.
À l’inverse, les personnes ayant des limitations physiques ou affectant leurs relations ou leur comportement sont plus éloignées de l’emploi que celles ayant d’autres limitations fonctionnelles importantes. Moins de la moitié d’entre elles occupent un emploi en 2022 et elles sont plus souvent au chômage que les personnes ayant d’autres limitations.
Les personnes ayant des limitations sensorielles importantes sont dans une situation intermédiaire : près de six sur dix sont actives. En revanche, les actifs ayant des limitations auditives se distinguent par un taux d’emploi relativement plus élevé et un taux de chômage proche de celui des personnes n’ayant aucun handicap, bien que leur taux d’activité reste nettement plus faible que ces dernières.
Plus les personnes cumulent de limitations fonctionnelles, plus elles sont éloignées de l’emploi
Au-delà des différences d’insertion sur le marché du travail selon le type de limitation, le cumul de différents types de limitations est associé à une nette dégradation de l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Les personnes cumulant au moins trois types de limitations importantes sont près de deux fois moins en emploi que celles concernées par un seul type de limitation : 30 % contre 64 %. L’écart est du même ordre pour le taux d’activité (37 % contre 71 %).
Quand le handicap est reconnu modéré, la situation varie peu selon les limitations fonctionnelles
Quel que soit le type de limitations, l’insertion professionnelle des personnes reconnues handicapées se dégrade nettement avec le degré de sévérité de leur handicap. La situation différenciée sur le marché du travail en fonction du type de limitations fonctionnelles s’observe surtout lorsque le handicap est reconnu comme important ou sévère. En effet, chez les personnes reconnues modérément handicapées, les taux d’activité et d’emploi varient peu avec le type de limitations qu’elles déclarent : le taux d’activité oscillant entre 56 % et 63 % et le taux d’emploi, entre 48 % et 54 %.
Pour en savoir plus
- Bellamy V. (2024 novembre). Le handicap en chiffres (édition 2024). Drees, Panoramas de la Drees - social.
- Insee (2024). Travail, santé et handicap. Insee Références, Emploi, chômage, revenus du travail.