Santé mentale : une amélioration chez les jeunes en juillet 2021 par rapport à 2020 mais des inégalités sociales persistantes

Études et résultats

N° 1233

Paru le 22/06/2022

Jean-Baptiste Hazo et Aristide Boulch (DREES), en collaboration avec le groupe EpiCov : Nathalie Bajos et Josiane Warszawski (co-responsables scientifiques), Guillaume Bagein (DREES), Vianney Costemalle (DREES), Émilie Counil (Ined), Thomas Deroyon (DREES), Jeanna-Eve Franck (Inserm), Nathalie Lydié (Santé publique France), Claude Martin (CNRS), Laurence Meyer (Inserm, univ. Paris-Saclay, AP-HP), Ariane Pailhé (Ined), Philippe Raynaud (DREES), Alexandra Rouquette (Inserm), Delphine Rahib (Santé publique France), Patrick Sillard (Insee), Rémy Slama (Inserm)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une nouvelle étude consacrée à la santé mentale et à l’épidémiologie psychiatrique en population générale. C’est la troisième études d’une série couvrant les années 2020 et 2021 réalisées à partir de la cohorte EpiCov.

 

L’enquête EpiCov s’appuie sur un échantillon de plusieurs dizaines de milliers de participants, représentatif de la population âgée de quinze ans ou plus, vivant en France métropolitaine, Guadeloupe, Réunion et Martinique.

16 % de la population concernée par un syndrome anxieux ou dépressif
En juillet 2021, les syndromes anxieux ou dépressifs concernent 16 % de la population âgée de 16 ans ou plus, 12 % des hommes et 19 % des femmes. Ces deux syndromes sont très souvent associés. Plus d’un quart des femmes âgées de 16 à 24 ans sont concernées par l’un ou l’autre de ces syndromes.
Après avoir cru durant la crise sanitaire, le total des taux de syndromes dépressifs mineurs et majeurs est revenu au niveau de 2019. Ils concernent 11 % de la population âgée de 16 ans ou plus, 12 % des femmes et 9 % des hommes. En revanche, les syndromes dépressifs majeurs, les plus sévères, se maintiennent à des niveaux supérieurs à ceux de 2019, 6 % des femmes et 4 % des hommes sont concernés.
Chez les jeunes, ces taux de syndromes dépressifs qui avaient fortement augmenté en 2020 marquent globalement un recul en juillet 2021 sans toutefois retrouver les niveaux de 2019. Les 16-24 ans restent la tranche de la population la plus exposée, principalement du fait des jeunes femmes dont une sur dix est concernée par un syndrome dépressif majeur.

Accès boulimiques : 4 % de la population déclarent une perte de contrôle des quantités ingurgitées au moins deux fois par semaine
Les accès boulimiques concernent 2 % des hommes et 5 % des femmes. Pour 1 % de la population, ces accès sont accompagnés de comportements de compensation de la prise de poids (vomissements, jeûnes etc.). Les jeunes femmes sont particulièrement concernées : 8 % d’entre elles déclarent des accès boulimiques dont plus d’un quart met en place des comportements compensatoires.

Une personne sur cinq a eu besoin d’aide pour raison psychologique depuis la crise
Près d’une personne sur cinq estime avoir eu besoin d’aide pour raisons psychologiques depuis la crise et 13 % (16 % des femmes et 9 % des hommes) des personnes interrogées ont consulté un professionnel de santé pour de telles raisons. À noter que 2 % de la population estime avoir besoin de l’aide d’un professionnel de santé sans pour autant y avoir recouru.

Près d’une personne sur dix déclare avoir reçu un diagnostic de trouble psychiatrique, psychologique ou d’une addiction par un médecin au cours de sa vie
Les principaux troubles dont les participants déclarent avoir reçu le diagnostic au cours de leur vie sont les suivants : dépression (6 %), troubles anxieux (4 %), addictions (2 %) et troubles des conduites alimentaires (2 %). Un enquêté sur cent déclare avoir reçu un diagnostic de trouble bipolaire ou de schizophrénie. Les personnes ayant reçu l’un de ces diagnostics au cours de la vie présentent des taux de syndromes anxieux ou dépressifs très élevés : 40 % d’entre elles sont concernées par l’un ou l’autre de ces syndromes en juillet 2021.

Le soutien social en net recul entre 2019 et 2021
Le niveau de soutien social déclaré, très corrélé à la santé mentale des individus, a reculé entre 2019 et 2021. La part des personnes déclarant un faible niveau de soutien social progresse de 13 % à 17 % sur la période. Une augmentation plus fortement marquée chez les enquêtés âgés de 16 à 24 ans pour lesquels cette proportion est passée de 6 % à 14 % entre 2019 et 2021.

Niveau de santé mentale, recours aux soins et diagnostics psychiatriques très fortement marqués par les inégalités sociales
La plupart des indicateurs explorés dans l’enquête, comme les pensées suicidaires, le recours aux soins ou encore la présence d’un diagnostic psychiatrique sont marqués par de fortes inégalités sociales. C’est en effet parmi les personnes dont le ménage appartient aux 20 % les plus modestes que les taux d’indicateurs dégradés sont les plus élevés.
Un seul indicateur est défavorable aux plus aisés : la part de personnes dont la consommation d’alcool excède les recommandations sanitaires. Elle passe de 17 % chez les plus modestes à 25 % chez les plus aisés. Toutefois, les consommations d’alcool à risque important concernent 5 % de la population, quel que soit le niveau de vie.
Les syndromes anxieux, dépressifs et les comportements boulimiques partagent souvent les mêmes facteurs de risque : ils sont plus fréquents chez les jeunes, les femmes, les personnes en situation de précarité économique, ayant un faible soutien social, ayant des antécédents migratoires récents, résidant dans des zones de forte densité urbaine, présentant un handicap ou ayant eu des symptômes évocateurs d’une contamination au Covid. Des temps ou des fréquences élevés d’exposition aux écrans et aux réseaux sociaux sont également associés à une santé mentale dégradée.

Des conditions de travail perturbées par la crise sanitaire, souvent corrélées à une mauvaise santé mentale, mais pas le télétravail
Parmi les personnes en emploi, 28 % déclarent avoir connu depuis la crise des périodes inhabituelles de surcharge de travail ; cela est associé à des taux de syndromes anxieux, dépressifs et de comportements boulimiques doublés par rapport à celles non exposées à de telles surcharges de travail. Les personnes déclarant travailler en horaires décalés ont une plus forte probabilité de présenter une santé mentale dégradée. Ce n’est en revanche pas le cas des personnes déclarant être exclusivement ou partiellement en télétravail.

Consulter la publication et les données associées

Les résultats des autres volets de l’enquête sont disponibles sur le site de la DREES :

Hazo, J.-B., Costemalle, V. (2021, mars). Confinement du printemps 2020 : une hausse des syndromes dépressifs, surtout chez les 15-24 ans. DREES, Études et Résultats, 1185.

Hazo, J.-B., Costemalle, V., Rouquette, A., Bajos, N. (2021, octobre). Une dégradation de la santé mentale chez les jeunes en 2020. Résultats issus de la 2e vague de l’enquête EpiCov. DREES, Études et Résultats, 1210.

Pour en savoir plus

Bergeron, T., Dauphin, L. (2020, novembre). L’offre d’accueil des personnes handicapées dans les établissements et services médico-sociaux fin 2018. DREES, Études et Résultats, 1170.

Abassi, E. (2020, mai). 61 000 enfants, adolescents et jeunes majeurs hébergés fin 2017 dans les établissements de l’aide sociale à l’enfance. DREES, Les Dossiers de la DREES, 55.

Diallo, C.T., Leroux, I. (,2020, octobre). L’aide et l’action sociales en France - Perte d’autonomie, handicap, protection de l’enfance et insertion - Édition 2020. DREES, coll. Panoramas de la DREES-Social.

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