200 000 personnes accueillies en centre d’hébergement début 2021 - Premiers résultats de l’enquête ES-DS

Les dossiers de la DREES

N° 113

Paru le 11/10/2023

Anthony Caruso (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur les personnes hébergées en centre d’hébergement début 2021. Elle repose sur l’édition 2020-2021 de son enquête auprès des établissements et services en faveur des adultes et familles en difficulté sociale (ES-DS).


Près de 200 000 personnes en centre d’hébergement début 2021
Au 31 janvier 2021, 218 200 places d’hébergement1 sont ouvertes dans près de 3 100 centres d’hébergement. Ces structures diffèrent selon le public accueilli mais ont pour mission commune d’accueillir, d’héberger et d’accompagner des personnes en difficulté sociale. Elles hébergent 197 300 personnes, soit un taux d’occupation de 90 % des places proposées.
La moitié des places (109 400) se trouvent dans l’hébergement dit « généraliste » : 51 900 dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ; 57 5002 dans les « autres centres d’accueil »3 , dont près des deux tiers sont des places d’urgence4 . Les structures du dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés (DNA) proposent 102 500 places, majoritairement dédiées aux demandeurs d’asile : 46 900 places dans les hébergements d’urgence pour demandeurs d’asile (Huda) et 43 900 places dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada); 8 700 places en centres provisoires d’hébergement (CPH), dédiés aux bénéficiaires d’une protection internationale; 3 000 places dans les centres d’accueil et d’examen des situations (CAES). Enfin, les établissements d’accueil mère-enfant (EAME) proposent 6 200 places d’hébergement.

Près d’un adulte hébergé sur deux est un homme seul sans enfant
57 % des personnes hébergées (adultes et enfants) sont de sexe masculin. Cette surreprésentation masculine est générale, sauf en EAME, mais elle est accentuée dans les structures du DNA hors Cada : il y a 89 % d’hommes en CAES, 68 % en Huda et 67 % en CPH. Les personnes seules sans enfant représentent 58 % des adultes5 hébergés, quatre sur cinq étant des hommes (soit 46 % de l’ensemble des adultes hébergés, contre 11 % des adultes dans l’ensemble de la population). La part des hommes seuls sans enfant parmi les adultes hébergés est encore plus élevée dans les CAES (81 %) et dans les CPH et les Huda (62 % dans les deux cas). 16 % des adultes hébergés sont des personnes seules avec enfant(s) [contre 7 % des adultes dans l’ensemble de la population], essentiellement des mères isolées.

Un tiers de mineurs et 81 % d’étrangers parmi les personnes hébergées
32 % des personnes hébergées début 2021 ont moins de 18 ans, contre 22 % dans l’ensemble de la population. À champ constant, cette part reste stable entre fin 2016 et début 2021. Les jeunes adultes ont aussi un poids important, particulièrement dans le DNA : les 18-24 ans et les 25-34 ans y représentent respectivement 17 % et 32 % des personnes hébergées. À l’inverse, 9 % des personnes hébergées ont au moins 50 ans, contre 40 % de l’ensemble de la population.
81 % des personnes hébergées n’ont pas la nationalité française, 77 % sont ressortissantes d’un pays hors de l’Union européenne et 38 % sont des demandeuses d’asile. Plus précisément, 55 % des personnes en CHRS et 77 % de celles en autres centres d’accueil sont étrangères.

Un an et demi d’ancienneté moyenne dans l’établissement
L’ancienneté moyenne de prise en charge par l’établissement des personnes présentes au 31 janvier 2021 est de 18 mois. Elle varie selon le type de structure. Elle est un peu plus élevée dans l’hébergement généraliste : 19 mois dans les CHRS et 20 mois dans les autres centres d’accueil. Sur l’ensemble des centres d’hébergement, 25 % des personnes sont prises en charge par l’établissement depuis plus de 22 mois, 10 % depuis plus de 37 mois.

Avant son entrée dans l’établissement, une personne sur six était sans abri
Plus de la moitié (56 %) des personnes hébergées étaient déjà logées dans une structure pour public en difficulté sociale (essentiellement dans un centre d’hébergement ou sur une place d’hébergement à l’hôtel) juste avant leur entrée dans l’établissement les hébergeant début 2021. 17 % étaient sans abri, 12 % hébergées ou logées par un tiers, 5 % disposaient de leur propre logement dans le parc social ou privé (en tant que locataire, propriétaire ou sous-locataire) et 5 % vivaient dans un hébergement de fortune ou une habitation mobile.
Dans l’hébergement généraliste, les motifs d’admission dans le centre sont variés. Pour 9 % des personnes, le principal motif évoqué par l’établissement sont des violences conjugales (14 % des femmes adultes hébergées), pour 5 % une rupture familiale et pour 2 % une rupture conjugale.

Plus d’un quart des adultes hébergés en CHRS ont un emploi
15 % des adultes hébergés ont une activité professionnelle. Ils se trouvent principalement dans les structures d’hébergement généraliste : 20 % des adultes dans les autres centres d’accueil ont un emploi, ainsi que 28 % de ceux en CHRS. 8 % des adultes en CHRS ont un contrat à durée indéterminée (CDI).

Une couverture maladie quasi-totale
La quasi-totalité des personnes (adultes et enfants) hébergées bénéficient d’une couverture maladie : seules 2 % des personnes hébergées n’en bénéficient pas et n’ont pas de demande en cours. 12 % bénéficient de l’aide médicale d’État (AME), destinée, sous conditions de ressources, aux sans-papiers. Elles sont très peu présentes dans le DNA mais représentent 13 % des personnes en CHRS et 30 % dans les autres centres d’accueil.

  • 1Les nuitées hôtelières mobilisées par des associations sur financement de l’État ne rentrent pas dans le champ de l’enquête ES-DS, alors qu’elles sont prises en compte dans le dénombrement des places d’hébergement réalisé par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) et dans le périmètre des places d’hébergement social annoncées dans le cadre du Pacte des Solidarités en septembre 2023. Au 31 décembre 2020, il a été décompté 72 000 places en hôtels, d’après la présentation stratégique du programme 177 dans le cadre du projet de loi de finances pour 2022. À l’inverse, les places d’hébergement du dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés (DNA) et celles des établissements d’accueil mère-enfant sont prises en compte dans l’enquête ES-DS, mais pas dans le périmètre du Pacte des Solidarités, ni dans celui des travaux de la DIHAL. Le chiffre de 218 200 places présenté ici ne peut donc être comparé aux 203 000 places d’hébergement évoquées dans la présentation du Pacte des solidarités en septembre 2023.
  • 2La DIHAL comptabilise, de son côté, 79 100 places d’hébergement au total hors CHRS et hors hôtels au 31 décembre 2020, dans son dénombrement réalisé pour la présentation stratégique du programme 177 dans le cadre du projet de loi de finances pour 2022. Des expertises seront menées conjointement par la DREES et la DIHAL pour comprendre cet écart.
  • 3Cette catégorie inclut notamment les centres d’hébergement d’urgence (CHU).
  • 4L’hébergement d’urgence est un hébergement temporaire avec une prise en charge immédiate et inconditionnelle.
  • 5On appelle « adultes » les personnes qui ne sont pas un enfant accompagnant une famille ou un groupe. Un adulte peut donc être mineur, un enfant peut être majeur. Les adultes représentent 66 % des personnes hébergées, soit 129 500 personnes.

Présentation de l’enquête auprès des établissements et services en faveur des adultes et familles en difficulté sociale (ES-DS)

L’enquête quadriennale de la DREES auprès des établissements et services en faveur des adultes et familles en difficulté sociale (ES-DS) porte sur l’activité des centres d’hébergement et des établissements de logement adapté, sur leur personnel et sur les personnes qu’ils accueillent ou qui en sont sorties. Ce sont les établissements qui répondent à l’enquête et non le public accueilli ou sorti de l’établissement. L’enquête existe depuis 1983. L’activité et le public accueilli considérés pour l’édition 2020-2021 sont à la date du 31 janvier 2021.

Les nuitées hôtelières mobilisées par des associations sur financement de l’État ne rentrent pas dans le champ des établissements d’accueil et donc dans le champ de l’enquête ES-DS. Il en va de même pour les structures ou lieux mobilisés uniquement de manière temporaire, essentiellement au cours de la période hivernale ou en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19. Cependant, les places temporaires ouvertes dans des structures permanentes sont bien prises en compte par l’enquête ES-DS depuis l’édition 2020-2021.

Pour en savoir plus :
Une description détaillée de l’enquête ES-DS est disponible sur le site de la DREES.