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L’aide sociale à l’enfance - Édition 2025

Les dossiers de la DREES

N° 131

Paru le 26/06/2025

Tedjani Tarayoun, avec Élisa Abassi, Cheikh-Tidiane Diallo, Klara Vinceneux (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude qui rassemble et synthétise de nombreuses données statistiques disponibles sur l’aide sociale à l’enfance (ASE). Elle dresse un portrait des bénéficiaires, un état des lieux des mesures dont ils font l’objet, ainsi que des dépenses départementales associées. Pour la première fois, la DREES y présente une estimation du nombre total de bénéficiaires d’une mesure d’ASE. L’étude analyse également les tendances nationales et les disparités départementales. Elle s’appuie pour cela sur plusieurs sources de données, dont l’enquête Aide sociale réalisée chaque année par la DREES auprès des départements. Cette étude présente aussi les caractéristiques des jeunes accueillis dans les établissements de l’ASE en s’appuyant sur les données issues de l’enquête auprès des établissements et services de la protection de l’enfance (ES-PE).

 

Au 31 décembre 2023, 384 900 mineurs et jeunes majeurs bénéficient au total de 396 900 mesures d’ASE. Parmi eux, 221 000 (57 %) bénéficient d’une mesure d’accueil en dehors de leur milieu de vie habituel et 175 800 (46 %) d’une action éducative, consistant en l’intervention d’un travailleur social au domicile. Certains jeunes peuvent bénéficier simultanément d’une mesure d’accueil et d’une action éducative : une action éducative en milieu ouvert (AEMO) peut notamment être décidée par le juge en complément d’un placement direct auprès d’un tiers digne de confiance. Les mesures relèvent majoritairement de décisions judiciaires. C’est le cas de 71 % des mesures d’action éducative et de 79 % des mesures d’accueil à l’ASE.

 


Une croissance régulière du nombre de mesures d’ASE

 

Entre fin 1998 et fin 2023, le nombre de mesures d’ASE a été multiplié par 1,5. Ce nombre rapporté à celui des enfants et des jeunes de moins de 21 ans augmente régulièrement au cours de cette période. Alors qu’il était de 16,6 pour 1 000 jeunes fin 1998, le taux de mesures atteint 24,1 ‰ fin 2023 (graphique ci-dessous). À cette date, en tenant compte du fait que des jeunes peuvent bénéficier de plusieurs mesures, la part de bénéficiaires dans la population des moins de 21 ans est estimée à 2,3 %.
Les nombres de mesures d’accueil à l’ASE d’une part, et d’actions éducatives d’autre part, ont augmenté dans des proportions proches entre fin 1998 et fin 2023 (multipliés respectivement par 1,5 et 1,4), mais pas suivant la même temporalité : les mesures d’accueil ont connu une progression plus marquée à partir de 2016, contribuant à 82 % de la hausse totale du nombre de mesures.

Fin 2023, 221 000 mineurs et jeunes majeurs sont accueillis à l’ASE, soit une hausse de 6,0 % en un an, après une hausse annuelle moyenne de 1,9 % entre fin 2019 et fin 2022 et de 4,7 % entre fin 2015 et fin 2019. L’ampleur de cette progression tient notamment à l’importante augmentation des accueils de mineurs non accompagnés (MNA), d’abord entre fin 2015 et fin 2019, puis à nouveau entre fin 2021 et fin 2023. La forte progression du nombre d’accueils provisoires de jeunes majeurs, anciens MNA ou non, observée entre 2018 et 2021 y contribue également.

 

 

Le nombre de jeunes pris en charge par l’ASE au-delà de leur majorité en repli

 

Fin 2023, 30 800 jeunes majeurs bénéficient d’un accueil provisoire jeune majeur. Ce nombre est en baisse depuis fin 2021 (-4,9 % en 2022 et -0,3 % en 2023), après avoir fortement progressé entre fin 2018 et fin 2021 (+21 % en moyenne par an). Cet accroissement résulte de la mise en place de mesures spécifiques visant à prolonger la prise en charge des jeunes majeurs dans le contexte de la crise sanitaire, d’une part, et dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, amorcée dès 2018, d’autre part. Par la suite, la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants renforce la prise en charge des jeunes majeurs en difficulté financière et sociale. La baisse du nombre de jeunes majeurs observée depuis fin 2021, a priori contre-intuitive, concerne en premier lieu les anciens MNA (-12 % en 2022 et - 3,4 % en 2023). En effet, le nombre de MNA pris en charge a fortement diminué durant la crise sanitaire du fait de la chute des flux migratoires (-20 % en moyenne en 2020 et en 2021), ce qui s’est ensuite traduit par une baisse du nombre de MNA devenus majeurs.
 

 

Graphique – Évolution des mesures d’aide sociale à l’enfance au 31 décembre, de 1996 à 2023

Lecture > Au 31 décembre 2023, 396 900 mesures d’aide sociale à l’enfance sont en cours, soit 24 mesures pour 1 000 jeunes de moins de 21 ans.
Champ > France métropolitaine et DROM, hors Mayotte.
Sources > DREES, enquête Aide sociale ; Insee, estimations provisoires de population au 1er janvier 2024 (résultats arrêtés fin 2024).

 

 

Une diminution de la part des enfants confiés à l’ASE accueillis par une assistante familiale

 

Fin 2023, 36 % des enfants confiés à l’ASE sont accueillis chez des assistantes familiales contre 56 % à son maximum en 2006. Les établissements habilités constituent, pour la deuxième année consécutive, la modalité d’accueil la plus fréquente (41 % fin 2022 et fin 2023). Les 23 % restants sont accueillis différemment (hébergement autonome, placement à domicile, accueil par un tiers bénévole, attente de lieu d’accueil, accueil chez la future famille adoptante). Cette répartition varie néanmoins selon l’âge des enfants. À son maximum pour les enfants de 3 à 5 ans (61 %), l’accueil chez une assistante familiale ne concerne plus que 16 % des 16-17 ans, au profit de l’accueil en établissement (53 %), des modalités d’accueil pour adolescents autonomes (13 %) et des autres types d’accueil (18 %).

Fin 2021, selon l’enquête auprès des établissements et services de la protection de l’enfance (ES-PE), 74 100 enfants et jeunes majeurs sont accueillis par l’un des 2 137 établissements de l’ASE. Ces derniers disposent de 79 900 places, une capacité d’accueil en hausse de 23 % par rapport à 2017. Le taux d’encadrement dans ces structures s’élève à 79 emplois, en équivalent temps plein, pour 100 places.

Fin 2021, 15 % des jeunes accueillis dans un établissement de l’ASE disposent d’une reconnaissance administrative d’un handicap par une maison départementale des personnes handicapées, soit près de 11 000 jeunes. Parmi les enfants hébergés fin 2021, 40 % des enfants de 11 ans, en âge d’aller au collège, sont scolarisés à l’école primaire, contre seulement 7 % en population générale. 

 


Des disparités géographiques marquées

 

Au niveau national, la part de bénéficiaires d’une mesure d’ASE parmi les moins de 21 ans est de 2,3 % fin 2023, mais varie fortement selon les départements. Seule un peu plus de la moitié des collectivités ont une part comprise entre 2,1 % et moins de 3,1 %.
La proportion de mesures d’ASE faisant suite à une décision judiciaire est également variable selon le territoire observé, révélant des pratiques diverses. Ce constat est cependant davantage marqué au sein des actions éducatives. La part d’aides éducatives à domicile (AED, relevant d’une décision administrative) dans l’ensemble des actions éducatives, varie de 8 % à 58 %.

 


Des dépenses d’aide sociale à l’enfance largement consacrées au financement des mesures d’accueil

 

En 2023, les départements ont consacré 11,0 milliards d’euros à la protection de l’enfance (y compris rémunération des assistants familiaux, mais hors autres dépenses de personnel du département). Ce montant, utilisé à 80 % pour des mesures d’accueil à l’ASE, finance également le versement d’allocations, la mise en œuvre d’actions éducatives, ainsi que des actions de prévention spécialisée.
Entre 1998 et 2023, les dépenses totales d’ASE ont été multipliées par 2,6 en euros courants, soit une augmentation de 70 % en euros constants, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation. Cette hausse est essentiellement portée par celle des dépenses d’accueil à l’ASE (multipliées par 3,1 en euros courants, soit 2,0 en euros constants, sur la même période).

En 2023, la dépense annuelle moyenne d’accueil par bénéficiaire est de 41 000 euros au niveau national. Des disparités départementales peuvent apparaître en lien avec la répartition des modalités d’accueil. Les dépenses d’accueil par bénéficiaire ont ainsi tendance à être plus élevées dans les départements qui recourent davantage aux placements en établissement ou aux autres modes de prise en charge hors famille d’accueil. La dépense annuelle moyenne par bénéficiaire est bien moins élevée lorsqu’il s’agit d’une action éducative : 3 600 euros au niveau national, en 2023.

 


Des données plus récentes à paraître bientôt

 

Des données provisoires sur les bénéficiaires de l’aide sociale à l’enfance au 31 décembre 2024 paraîtront, pour la première fois, en août 2025. Les données définitives concernant ces bénéficiaires, ainsi que les données nationales provisoires sur les dépenses d’aide sociale de la même année, seront publiées à la fin de l’année 2025.
Des données complémentaires détaillées de l’enquête auprès des établissements et services de la protection de l’enfance (ES-PE) menée en 2022 seront publiées en juillet 2025.
 

Accéder aux données complémentaires sur data.Drees

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