Les dépenses de santé en 2022 - Résultats des comptes de la santé - Édition 2023

Panoramas de la DREES

Paru le 20/09/2023

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie Les dépenses de santé en 2022. Ce Panorama analyse les comptes de la santé en 2022 et replace ces résultats dans une perspective internationale. Les comptes de la santé recouvrent notamment la consommation de soins de santé en France et les financements correspondants, qu’ils relèvent de l’assurance maladie, de l’État, des collectivités locales, des organismes complémentaires ou directement des ménages.

En France, le reflux progressif de l’épidémie de Covid-19 au cours de l’année 2022 conduit à un ralentissement des dépenses de santé mesurées par la dépense courante de santé au sens international (DCSi). Cet agrégat, qui recouvre la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé, s’élève à 313,6 milliards d’euros, soit 4 600 euros par habitant. En 2022, la DCSi ralentit fortement (+2,0 % après +9,9 %, graphique 1) en raison de la baisse des dépenses de lutte contre la crise sanitaire, qui atteignent 8,8 milliards d’euros en 2022 après 18,1 milliards en 2021. Ce sont surtout les mesures exceptionnelles à destination des établissements de santé qui ont fortement diminué, tandis que le coût des campagnes de vaccination et de dépistage, en baisse également, demeure à un niveau élevé.

La consommation de soins et de biens médicaux (CSBM), principale composante de la DCSi et agrégat historique des comptes de la santé, regroupe l’essentiel des dépenses liées aux soins courants mais exclut les dépenses de prévention (par exemple les dépenses de vaccination), les soins de longue durée et les dépenses de gouvernance. Elle s’élève à 235,8 milliards d’euros en 2022, soit 8,9 % du PIB. Cette composante des dépenses de santé comprend les soins hospitaliers (y compris en clinique), les soins de ville (médecins, infirmiers, laboratoires, etc.), les médicaments, les autres biens médicaux et les transports sanitaires. Cette dépense représente en moyenne près de 3 475 euros par habitant.

En 2022, la CSBM ralentit mais demeure dynamique : elle augmente de 3,9 % en valeur (après +7,8 % en 2021). Cette hausse s’explique en particulier par le prix des soins hospitaliers et les volumes de ventes de médicaments. Alors que le volume d’activité hospitalière se réduit de nouveau en 2022 et reste inférieur au niveau atteint avant la crise liée au Covid-19 (-3,6 % par rapport à 2019), le prix des soins hospitaliers s’est fortement accru depuis 2019 (+23 % entre 2019 et 2022, après une quasi-stabilité depuis 2010), notamment sous l’effet des hausses de rémunérations. La consommation de médicaments en ambulatoire augmente pour la deuxième année consécutive (+5,3 % en valeur après +4,3 % en 2021), en raison d’une augmentation en volume particulièrement élevée, soutenue par une forte progression des dépenses dans quelques classes thérapeutiques spécifiques ; les prix des médicaments vendus en ambulatoire, eux, continuant de baisser. Après avoir fortement augmenté en 2021, les dépenses des trois secteurs concernés par la réforme du 100 % santé (optique médicale, audioprothèses et prothèses dentaires) se stabilisent en 2022.

La consommation de soins hospitaliers (publics et privés) augmente fortement en valeur pour la troisième année consécutive (+4,3 % en 2022 après +6,7 % en 2021 et +6,2 % en 2020). En 2020 et 2021, ce dynamisme s’expliquait par la hausse des rémunérations des personnels et par les surcoûts liés à la lutte contre le Covid-19. À l‘hôpital public, la baisse des dépenses liées à la crise sanitaire est plus que compensée en 2022 par la hausse des salaires, du fait de la revalorisation du point d’indice dans la fonction publique et les mesures exceptionnelles de soutien à l’attractivité dans le secteur public (mission « flash » sur les urgences, revalorisation des gardes et astreintes). Ces différentes mesures contribuent à l’augmentation soutenue des prix des soins hospitaliers ; leur hausse atteint 23 % entre 2019 et 2022, alors qu’ils ont été globalement stables depuis 2010. En volume, alors qu’elle avait rebondi en 2021, l’activité hospitalière se réduit à nouveau en 2022 et reste inférieure au niveau atteint avant la crise liée au Covid-19 (-3,6 % par rapport à 2019).

La consommation de soins de médecins généralistes et spécialistes progresse de nouveau en 2022 : +3,8 % pour les généralistes et +4,1 % pour les spécialistes. En volume, les soins des généralistes dépassent leur niveau d’avant crise ; pour les spécialistes, l’activité avait déjà retrouvé ce niveau en 2021.

La consommation de médicaments en ambulatoire augmente de nouveau fortement en 2022 (+5,3 % après +4,3 %), après une baisse continue entre 2014 et 2020. Les prix des médicaments continuent de baisser, en raison notamment de l’augmentation des remises conventionnelles. En volume, la consommation de médicaments continue de progresser : +9,0 % entre 2021 et 2022 après +7,8 % entre 2020 et 2021 ; celle-ci est particulièrement marquée pour certaines classes thérapeutiques spécifiques, notamment les traitements du cancer et de la mucoviscidose ainsi que les immunosuppresseurs.

En 2022, les ménages prennent en charge 7,2 % de la CSBM ; cette part est quasiment stable par rapport à 2021 (+0,1 point). Le reste à charge des ménages augmente dans tous les secteurs, à l’exception des postes du 100 % santé. La crise sanitaire a fortement modifié la composition de la CBSM, entraînant, parallèlement, une modification importante de la structure du financement de la CSBM, car les dépenses exceptionnelles liées à la crise sanitaire ont en majorité été prises en charge par les administrations publiques. En 2022, la part de la CSBM financée par les administrations publiques reste stable autour de 80 %, à un niveau supérieur à celui d’avant crise. L’essentiel de ce financement provient de la Sécurité sociale, le financement direct par l’État étant devenu résiduel depuis le transfert, en 2021, des dépenses de la complémentaire santé solidaire (CSS) de l’État vers l’Assurance maladie. La part des organismes complémentaires est quasi stable en 2022 (-0,1 point) pour s’établir à 12,6 %. Le reste à charge (RAC) des ménages augmente de 0,1 point en 2022 pour s’établir à 7,2 % de la CBSM. Dans les trois secteurs ciblés par la réforme du 100 % santé, les parts de dépenses financées par les ménages diminuent, tout en demeurant supérieures au taux moyen de reste à charge calculé sur l’ensemble des dépenses de santé.

La dépense courante de santé au sens international (DCSi) continue d’augmenter dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE en 2022. Néanmoins, en raison de la reprise de l’activité, la part des dépenses dans le PIB diminue. Parmi les pays de l’OCDE, c’est aux États-Unis que ces dépenses sont les plus élevées : elles atteignent 18,2 % du PIB, contre 11,9 % en France. Elles s’établissent à 12,6 % du PIB en Allemagne et à 11,3 % au Royaume-Uni. Si on tient compte des différences de pouvoir d’achat dans le secteur de la santé, ces écarts s’atténuent mais ils demeurent très élevés (graphique ci-dessous).

La France reste l’un des pays où le reste à charge des ménages en santé est le plus faible. En 2021, le reste à charge des ménages par rapport à la dépense courante de santé au sens international s’élève à 8,7 % de la DSCi, le plus faible au sein des pays de l’OCDE. Le RAC de la DCSi comprend le reste à charge sur les soins et biens médicaux (7,2 % de la CSBM, graphique ci-dessous) mais aussi le RAC sur les autres composantes de la dépense, notamment sur les soins de longue durée pour lesquels la participation des ménages est élevée en France. Enfin, dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE, la crise sanitaire a conduit à une recomposition importante du financement des dépenses de soins réduisant la part de la DCSi financée par les ménages.

À propos de l’ouvrage
Les dépenses de santé en 2022 - Résultats des comptes de la santé - Édition 2023

Chaque année, les résultats des comptes de la santé sont présentés, en septembre, lors de la Commission des comptes de la santé, en présence du ministre de la Santé et de la Prévention, de représentants des professionnels de la santé, de personnalités et acteurs du secteur de la santé et d’un collège de personnalités qualifiées, composé de chercheurs et d’experts du domaine. Les travaux de cette commission s’inscrivent dans le cycle préparatoire du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, discuté au Parlement à l’automne. Élaborés par la DREES, les comptes de la santé constituent l’un des satellites des comptes nationaux de l’Insee, dont ils adoptent la méthodologie. Ils servent également de base à l’élaboration des comptes de la santé présentés dans les instances internationales (System of Health Accounts [SHA] de l’OCDE, d’Eurostat et de l’OMS) et permettent ainsi d’établir des comparaisons internationales sur des bases harmonisées.
Chaque année, des révisions méthodologiques sont apportées aux comptes de la santé afin d’en accroître la précision et l’exhaustivité. L’ensemble des révisions opérées en 2023 modifient le niveau des dépenses et les montants pris en charge par chacun des financeurs sur plusieurs années. (pour plus d’information, consulter le site internet : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/article/regles-de-mise-disposition-de-linformation).

Enfin, la publication du panorama est accompagnée de la diffusion, pour la première fois, de jeux de données au format CSV qui permettent d’explorer à un niveau fin la consommation de soins et de biens médicaux en valeur par poste et par financeur, ainsi que le partage volume-prix de la consommation par poste.

Sous la direction de Franck Arnaud et Geoffrey Lefebvre

Coordination de l’ouvrage
Thomas Renaud (partie France), Lisa Troy (partie internationale)

Production des comptes France
Khadija Jabri, Anne-Sophie Kontopoulos, Thomas Renaud avec Vincent Reduron et Cyril de Williencourt

Rédaction
Théodore Bérut, Clément Delecourt, Lauren Delort, Khadija Jabri, Anne-Sophie Kontopoulos,Geoffrey Lefebvre, Édouard Maugendre, Vincent Reduron, Thomas Renaud, Lisa Troy, Cyril de Williencourt

Directeur de la publication
Fabrice Lenglart

Présidente de la commission des comptes de la santé
Dominique Polton

Responsable d’édition
Valérie Bauer-Eubriet

Secrétaire de rédaction
Élisabeth Castaing

Maquettage
Théodore Bérut et Khadija Jabri

Organisation de la commission
Isabelle Philippon

Remerciements
La DREES tient à remercier les personnels des organismes privés et publics qui fournissent chaque année les données nécessaires à l’élaboration des comptes de la santé, en particulier la Direction de la Sécurité sociale (DSS), la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH), la Direction générale des finances publiques (DGFiP), la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), les Entreprises du médicament (LEEM), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la confédération du Planning familial, le Régime local d’assurance maladie d’Alsace-Moselle (RLAM), la Mutualité sociale agricole (MSA), la Direction générale des collectivités locales (DGCL), la Fédération nationale des observatoires régionaux de santé (FNORS), le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le Fonds national de prévention, d’éducation et d’information à la santé (FNPEIS), la fédération des laboratoires pharmaceutiques du premier recours (NèreS) et OpenHealth Company.

La CSBM et son financement

La consommation de soins et de biens médicaux

 

Les soins hospitaliers

 

Les soins ambulatoires

 

Les biens médicaux

 

Le financement de la CSBM

 

La dépense courante de santé au sens international


Autres indicateurs

 

Comparaisons internationales

 

Annexes

 

Tableaux détaillés

Pour en savoir plus

Historique