Recours aux soins, surcharge pondérale, consommations d’alcool et de tabac… L’état de santé des jeunes juste avant la crise sanitaire

Études et résultats

N° 1339

Paru le 21/05/2025

Màj le 22/05/2025

Nathalie Guignon, Jean-Baptiste Hazo, Vianney Costemalle (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur l’état de santé des jeunes de 15 à 24 ans. Les résultats présentés dans cet Études et Résultats sont issus du volet français de l’enquête santé EHIS (European Health Interview Survey) réalisée en 2019. Cette étude propose une photographie de la santé des jeunes juste avant la crise sanitaire, avec un zoom sur différents indicateurs de santé et de recours aux soins. Elle décrit également certains déterminants individuels de santé, c’est-à-dire des comportements ou habitudes de vie qui peuvent avoir des conséquences à plus ou moins longue échéance sur le capital santé des jeunes, impacter leur qualité de vie et contribuer à diminuer leur espérance de vie.

 

L’enquête santé EHIS a interrogé un échantillon de 14 000 personnes représentatif de la population de 15 ans ou plus vivant en ménage ordinaire en France métropolitaine. L’étude est centrée sur les 15-24 ans qui représente 1 889 individus de l’échantillon.


17% des jeunes de 15 à 24 ans déclarent une maladie chronique ou à caractère durable

En 2019, soit juste avant la crise sanitaire liée au Covid-19, plus de neuf sur dix, âgés de 15 à 24 ans, se perçoivent en « bonne ou très bonne santé » en France métropolitaine. En dépit de leur jeune âge, 17 % des 15-24 ans déclarent avoir un problème de santé chronique ou de caractère durable, c’est-à-dire une maladie ou un problème de santé qui a duré ou peut durer pendant six mois au moins. Cette proportion est plus importante chez les 20-24 ans (20 %) que chez les 15-19 ans (15 %) et concerne 16% des jeunes hommes de 20 à 24 ans contre 25% des jeunes femmes de cette tranche d’âge. Les principales pathologies chroniques citées sont l’allergie1  (41%, hors asthme) et l’asthme (26 %). En présence d’une maladie chronique, la santé perçue est moins bonne ; elle est qualifiée de « bonne ou de très bonne » dans 77 % des cas, contre 96 % pour les jeunes sans problème de santé.

 

Un jeune de 15 à 24 ans sur cinq présente une surcharge pondérale

Si la grande majorité des jeunes ont une corpulence normale, 14 % des 15-24 ans sont en surpoids (obésité non incluse), 5 % en obésité et 7 % en insuffisance pondérale. La prévalence du surpoids augmente avec l’âge : de 13 % chez les 15-19 ans à 16 % chez les 20-24 ans ; celle de l’obésité est multipliée par deux, passant de 4 % à   7 % entre les deux groupes d’âge. L’augmentation de la prévalence de la surcharge pondérale avec l’âge est donc un peu plus portée par celle de l’obésité que du surpoids. Aucune différence n’est observée entre jeunes femmes et jeunes hommes, contrairement à ce qui est rapportée chez les plus âgés, pour lesquels les prévalences de la surcharge pondérale (personnes en situation de surpoids ou d’obésité) sont plus élevées pour les hommes que pour les femmes.


Plus d’accidents de loisirs chez les garçons

12 % des 15-24 ans déclarent avoir été blessés dans un accident en pratiquant un loisir au cours des douze derniers mois. Cette part est presque deux fois plus élevée chez les 15-19 ans que chez les 20-24 ans (15% contre 8%) [graphique ci-dessous]. Les jeunes hommes sont plus enclins que les jeunes filles à se blesser accidentellement (16 % contre 8 %), sans doute parce qu’ils sont aussi en moyenne plus exposés au risque par leurs habitudes de vie.

 

L’alcoolisation ponctuelle importante (API) plus fréquente chez les jeunes hommes

Sept jeunes de 15 à 24 ans sur dix (68 %) déclarent avoir consommé des boissons alcoolisées2  au cours des douze derniers mois. L’augmentation des consommations entre les 15-19 ans et les 20-24 ans est de 20 points, passant respectivement de 59 % à 80 %. Par ailleurs, près d’un jeune de 15-24 ans sur deux (47 %) déclarent avoir consommé six verres ou plus au cours d’une même occasion ce qui correspond à une alcoolisation ponctuelle importante. Cette pratique concerne 39 % des jeunes femmes et 55 % des jeunes hommes et plus fréquemment les 20-24 ans que les 15-19 ans (57 % contre 39 %). Ces consommations à répétition de fortes doses d’alcool peuvent entraîner, selon les individus, une alcoolodépendance et des lésions cérébrales liées à l’alternance intoxication/sevrage.


L’usage quotidien du tabac en hausse entre 15 et 24 ans

Un jeune sur quatre fume du tabac, 17 % quotidiennement et 9 % occasionnellement. En forte hausse entre 15 et 24 ans : il concerne un jeune sur cinq entre 15 et 19 ans et plus d’un jeune sur trois entre 20 et 24 ans. L’usage quotidien passe de 11% à 24% entre ces deux tranches d’âge, contribuant largement à cette hausse. Si les jeunes filles déclarent fumer moins que les jeunes garçons (respectivement 22 % et 30 %), l’installation du tabac dans le quotidien est plus marquée entre 15-19 ans et les 20-24 ans chez les fumeuses (la part des fumeuses quotidiennes parmi les fumeuses passe de 45 % à 73 %) que chez les fumeurs du même âge (62 % à 67 %) chez lesquels elle est présente plus tôt. Quant à la cigarette électronique, son utilisation est stable entre les deux tranches d’âge (environ 8 %). Par ailleurs, un jeune sur huit est exposé au tabagisme passif au moins une heure par jour. L’exposition à la fumée des autres, le plus souvent en intérieur (tabagisme passif) est un problème de santé publique, car il a une dimension à la fois individuelle et collective, du fait de son impact sur la santé d’autrui.

 

Six jeunes sur dix ont eu recours au dentiste au cours des douze derniers mois

En 2019, seuls 62 % des jeunes de 15 à 24 ans ont consulté un dentiste ou un orthodontiste au cours des douze derniers mois, alors que la Haute Autorité de santé (HAS) et l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) recommandent une visite annuelle chez le dentiste et, pour ceux qui suivent un traitement orthodontique, un contrôle au moins deux fois par an. Jeunes filles et jeunes hommes ont consulté dans les mêmes proportions. En revanche, le taux de recours varie selon l’âge : 70 % chez les adolescents de 15 à 19 ans, contre 51 % chez les 20-24 ans. La tranche d’âge des 15-17 ans révolus est celle qui a le plus recours à l’orthodontiste ou au dentiste. Il est probable que cette fréquence soit liée à un traitement orthodontique dont la prise en charge nécessite des rendez-vous réguliers.


Les jeunes hommes moins souvent équipés de lunettes ou de lentilles que les jeunes femmes

La part de jeunes de 15 à 24 ans déclarant porter des lunettes ou des lentilles correctrices s’élève à 42 % ; cela concerne la moitié des jeunes filles (51 %) contre un tiers des jeunes garçons (33 %). Quel que soit l’âge, les jeunes filles se déclarent plus fréquemment équipées de lunettes ou de lentilles, l’écart entre les sexes ayant tendance à se creuser entre les 15-19 ans et les 20-24 ans. L’écart entre femmes et hommes subsiste au-delà de 25 ans et chute de 18 points en moyenne à 5 points aux alentours de 45-50 ans, avec l’apparition des troubles de la vision de près liés à la presbytie.

  • 1 « Au cours des douze derniers mois, avez-vous eu des maladies ou un des problèmes de santé suivants : allergies (hors asthme d’origine allergique) telles que : rhinite allergique, rhume des foins, conjonctivite allergique, allergie de la peau, allergie alimentaire ? ».
  • 2Bière, cidre, vin, spiritueux, prémix, liqueurs, alcools maison, cocktails, etc.

Sources, outils & enquêtes