Minima sociaux et prestations de solidarité - Ménages aux revenus modestes et redistribution - Édition 2025

Panoramas de la DREES

Paru le 04/12/2025

Julien Blasco, Pierre-Yves Cabannes, Opale Echegu (dir.)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie son ouvrage annuel « Minima sociaux et prestations de solidarité ». Cet ouvrage offre un panorama complet des différents dispositifs permettant d’assurer la redistribution en faveur des ménages les plus modestes, mais aussi des conditions de vie et des parcours de ces derniers. L’édition 2025 propose notamment des études sur l’accompagnement, l’insertion, l’emploi et les trajectoires des bénéficiaires de minima sociaux et de la prime d’activité. Elle présente les barèmes en vigueur à ce jour des prestations sociales. Les effets des prestations sociales sur la réduction de la pauvreté y sont aussi analysés.


Le nombre d’allocataires de minima sociaux augmente plus nettement en 2024 qu’en 2023

Après deux années de légère hausse en 2022 (+0,4 %) et en 2023 (+0,5 %), le nombre d’allocataires de minima sociaux augmente plus nettement en 2024 (+1,3 %), pour atteindre 4,25 millions en fin d’année1 . 
Si on détaille par allocation, les effectifs du revenu de solidarité active (RSA) diminuent légèrement en 2024 (-0,5 %), soit un peu plus faiblement qu’en 2023 (-2,0 %), pour atteindre 1,84 million d’allocataires fin 2024. À l’inverse, la croissance du nombre de bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) se poursuit en 2024 (+3,3 %) pour atteindre 1,40 million en fin d’année, mais à un rythme moindre qu’en 2023 (+4,5 %). La croissance annuelle en 2023 est la plus forte hausse observée depuis 2011 ; elle est due à la déconjugalisation de la prestation au 1er octobre 2023. Après une hausse soutenue en 2023 (+4,6 %), les effectifs du minimum vieillesse continuent d’augmenter vivement en 2024 (+4,3 %) pour s’élever à 754 500 allocataires. Enfin, après des années de forte baisse, le nombre d’allocataires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) rebondit nettement en 2024 (+4,7 %) pour atteindre 265 000 en fin d’année.
En 2024, 33,3 milliards d’euros ont été versés au titre des minima sociaux (1,1 % du PIB), marquant une hausse de 3,2 % par rapport à 2023 (en euros constants, c’est-à-dire en neutralisant l’effet de l’inflation2). 
En incluant les conjoints et les enfants à charge, 6,9 millions de personnes sont couvertes par les minima sociaux fin 20233, soit une personne sur dix en France métropolitaine et trois sur dix dans les DROM (hors Mayotte).

 

Les prestations sociales représentent près de 40 % du revenu disponible des ménages pauvres 

En France métropolitaine, en 2022, 9,1 millions de personnes sont pauvres monétairement, leur niveau de vie étant inférieur à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 216 euros par mois. Les prestations sociales non contributives représentent 37 % du revenu disponible des ménages pauvres (14 % de minima sociaux, 10 % d’aides au logement, 10 % de prestations familiales et 3 % de prime d’activité). Elles augmentent en moyenne le niveau de vie des personnes pauvres de 363 euros par mois, sans toutefois leur permettre de franchir le seuil de pauvreté.

 

La redistribution diminue d’un tiers le nombre de personnes pauvres

Jointes à la fiscalité directe, les prestations sociales non contributives diminuent le taux de pauvreté de 6,9 points en 2022 : 14,4 % de la population métropolitaine est considérée comme pauvre (9,1 millions de personnes), contre 21,3 % (13,5 millions) qui le serait si ces prestations et les impôts directs n'existaient pas. L’effet de la redistribution sur le taux de pauvreté est particulièrement marqué pour les familles monoparentales (-20,0 points pour celles avec au moins 2 enfants), pour les familles nombreuses (-13,8 points pour les couples avec 3 enfants), pour les moins de 20 ans (-11,2 points) et pour les personnes handicapées de 15 ans ou plus (y compris personnes âgées) [-10,9 points].

 

Un revenu disponible plus élevé en travaillant au smic que sans travailler

Une personne seule locataire dans le parc privé4 et sans revenu d’activité, non handicapée et d’âge actif, dispose en janvier 2025 de 873 euros mensuels de prestations sociales (572 euros de RSA et 301 euros d’aides au logement). Son revenu disponible serait plus élevé (1 673 euros) si elle travaillait pour un smic net à temps plein, avec 1 426 euros de salaire et 246 euros de prime d’activité. De manière générale, quelle que soit la composition familiale, le revenu disponible augmente avec le salaire et il est plus élevé avec un salaire au smic que sans salaire. Par exemple, sans revenu d’activité, le revenu disponible d’une famille monoparentale avec 2 enfants est de 1 720 euros, contre 2 544 euros avec un smic.

 

Un bénéficiaire de minima sociaux sur cinq en sort d’une fin d’année à la suivante

Un quart des bénéficiaires du RSA sortent des minima sociaux5 d’une fin d’année à la suivante. Cette part diminue avec l’âge et avec l’ancienneté dans les minima sociaux. Parmi ceux sortis des minima sociaux, environ trois sur quatre sortent pour au moins deux ans et quatre sur sept pour au moins cinq ans. Un peu plus de la moitié ont un emploi à la fin de l’année où ils sortent. Toutefois, beaucoup de bénéficiaires du RSA font des allers-retours dans les minima sociaux. Parmi les bénéficiaires du RSA âgés de 35 à 64 ans fin 2023, 41 % sont sortis au moins une fois des minima sociaux au cours des dix années précédentes, puis y sont revenus. Par ailleurs, une part importante reste dans les minima sociaux de manière très durable : 26 % des bénéficiaires du RSA de 35 à 64 ans fin 2023 ont perçu un minimum social chaque fin d’année entre 2013 et 2023. 
Le taux de sortie des minima sociaux d’une fin d’année à la suivante est beaucoup plus faible (5 % entre fin 2022 et fin 2023) pour les allocataires de l’AAH, signe de leurs difficultés spécifiques d’insertion. Aussi, leur persistance dans les minima sociaux est très forte : 55 % des allocataires de l’AAH âgés de 35 à 64 ans fin 2023 ont perçu les dix années précédentes des minima sociaux.
 

Coordination
Opale Echegu

Rédaction
Elisa Abassi, Elika Athari, Julien Blasco, Félix Bonnetête, Pierre-Yves Cabannes, Yann Caenen, Mathieu Calvo, Martin Chevalier, Clément Cohen, Aurore Desjonquères, Opale Echegu, Marie Fourré (SIES), Hélène Guedj, Emma Heard (Dares), Camilia Kashi (Dares), Claudine Pirus, Lucile Richet-Mastain

Directeur de la publication 
Thomas Wanecq

Responsable d’édition
Valérie Bauer-Eubriet

Suivi éditorial
Céline Roux

Secrétaire de rédaction
Émilie Morin

Maquettiste
Drapeau Blanc

Création graphique
Philippe Brulin, Julie Eneau

Remerciements
 La DREES remercie l’ensemble de ses correspondants de la Caisse nationale des allocations  familiales (CNAF), de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM), de la Mutualité sociale agricole (MSA), de France Travail, de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), de la Sous-direction des systèmes d’information et études statistiques (SIES) ainsi que de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)

  • 1

    4,42 millions d’allocations de minima sociaux sont versées en décembre 2024, certains allocataires percevant plusieurs allocations.

  • 2

    Sans neutralisation de l’inflation, la hausse est de 5,3 %.

  • 3

    Dernière année pour laquelle l’information est disponible.

  • 4

    Résidant en zone 2 et dont le loyer est égal au loyer plafond des aides au logement.

  • 5

    Les minima sociaux considérés dans cette section sont le RSA, l’ASS et l’AAH.

Fiches thématiques

Analyses transversales 

Effectifs, dépenses, barèmes et assiettes des ressources

Conditions de vie des bénéficiaires de minima sociaux et de la prime d’activité

Parcours et insertion dans l’emploi des bénéficiaires de minima sociaux

Dispositifs et prestations

Annexes

Fiches thématiques

Analyses transversales 


Effectifs, dépenses, barèmes et assiettes des ressources


Conditions de vie des bénéficiaires de minima sociaux et de la prime d’activité


Parcours et insertion dans l’emploi des bénéficiaires de minima sociaux


Dispositifs et prestations

Historique