Aider un proche âgé à domicile - Résultats des post-enquêtes qualitatives CARE-Ménages

Les dossiers de la DREES

N° 64

Paru le 20/08/2020

Banens Maks, Campéon Arnaud, Caradec Vincent, Charlap Cécile, Eideliman Jean-Sébastien, Le Bihan Blanche, Mallon Isabelle et Renaut Sylvie

Résumé

Ce dossier présente les résultats des post-enquêtes qualitatives de l’enquête CARE-Ménages, qui a interrogé en 2015 des seniors et leurs aidants sur des thématiques diverses comme leur état de santé, les aides dont ils bénéficient au quotidien, le financement d’une dépendance éventuelle ou la répartition des efforts entre proches et professionnels. Les post-enquêtes avaient pour but de détailler des configurations d’aide en réinterrogeant des personnes ayant répondu à l’enquête quantitative et, selon les cas, de comprendre les formes d’investissement dans l’aide ou d’articulation entre l’aide et les autres activités des aidants.

 

Nous présentons ici une synthèse des résultats des quatre projets retenus : « Poids et effet de genre dans l’aide aux seniors » (Maks Banens, CMW, CNRS) ; « Articulation travail-famille et gestion des temps sociaux » (Vincent Caradec, CeRIES, Université de Lille) ; « Analyse compréhensive de l’intensité de l’aide » (Isabelle Mallon, CMW, CNRS et ARENES, EHESP) ; « Vieillir à deux. Aides et entraide dans le couple » (Sylvie Renaut, URV, CNAV). Après l’exposé de réflexions communes aux quatre projets, nous présentons une synthèse de chacun d’entre eux, illustrée par quelques cas tirés des investigations détaillées des différents chercheurs y ayant participé.

Les résultats transversaux qui émergent de ces quatre recherches, pourtant diverses, sont nombreux. Toutes soulignent l’ambivalence que l’aide peut recouvrir, pour les aidants comme pour les aidés. Entre fardeau et plaisir, sentiment d’utilité et de perte de temps, l’aide est souvent vécue comme un investissement intense qui peut être source tantôt de reconnaissance et de passion, tantôt de souffrance et de déception. Pour bien saisir cette aide multiforme, les post-enquêtes montrent qu’il est nécessaire de l’inscrire dans une écologie familiale, rendant difficile d’étudier les rapports à l’aide sous un angle strictement individuel. L’une des sources de tension importantes, qui revient elle aussi dans les différentes enquêtes, est la gestion du temps, ou plutôt des temps. Il s’agit alors de comprendre comment les personnes articulent, voire superposent des temps sociaux différents, entre temps personnel, temps professionnel et temps d’aide.

Enfin, ces travaux ont le grand intérêt de souligner comment les rapports d’aide viennent déplacer, bousculer ou renforcer des rapports sociaux préexistants, entre familles mais aussi au sein des familles. Le développement de relations d’aide s’inscrit dans une histoire familiale antérieure, qui avait assigné à chacun des rôles et des places potentiellement bouleversés par les relations d’aide.

En définitive, ces travaux, qui montrent l’extrême complexité et diversité des situations d’aide, donnent à voir les multiples enjeux dans lesquels sont pris les aidants et les aidés. Dans une optique de politiques publiques, ils incitent à réfléchir de nouveau aux moyens de désindividualiser les politiques d’aide aux aidants, de penser des dispositifs qui prennent en compte l’ambivalence fondamentale de la notion d’aide et les inégalités sociales qui structurent les relations d’aide, entre hommes et femmes, entre générations, entre urbains et ruraux.

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